Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé cette nuit un report des premières élections en quinze ans dans les territoires palestiniens tant que la tenue du scrutin n’était pas « garantie » à Jérusalem-Est, annexée par Israël. Cette décision a poussé des centaines de personnes à descendre sur les rues de Ramallah en Cisjordanie pour exprimer leur mécontentement.
L’annonce de ce report a été faite à l’issue d’une rencontre de la direction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) portant sur les législatives prévues pour le 22 mai prochain. Dans la foulée de cette décision, la commission électorale palestinienne a annoncé l’arrêt de ses activités visant à préparer ces élections.
Depuis plusieurs semaines, les rumeurs fusaient de toutes parts à propos de la tenue ou non des législatives du 22 mai, puis d’une présidentielle en juillet, les premiers scrutins nationaux dans les territoires en quinze ans.
Ces élections avaient été annoncées début janvier dans le cadre d’un projet de « réconciliation » entre le parti laïc Fatah de Mahmoud Abbas et les islamistes du Hamas, deux grands piliers de la politique palestinienne.
Les dernières élections législatives en 2006 avaient débouché sur des affrontements musclés et une scission géographique du pouvoir entre l’Autorité palestinienne, contrôlée par le Fatah et qui siège en Cisjordanie occupée, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.
Jérusalem-Est, partie orientale de la Ville sainte d’Al Qods considérée par les Palestiniens, comme la capitale de leur futur Etat, n’est contrôlée par aucun de ces deux camps car annexée depuis plus de cinquante ans par Israël.
Ses détracteurs estiment que la décision de Mahmoud Abbas de reporter ces élections est liée à la fronde à laquelle il fait face au sein de son parti. Au total, plus d’une trentaine de listes électorales rivalisaient pour les législatives, dont deux courants défiant le Fatah de l’intérieur, celui de l’opposant de longue date Mohammed Dahlan, exilé aux Emirats arabes unis, et celui du neveu de Yasser Arafat, Nasser Al-Kidwa.
Mahmoud Abbas fait également logiquement face aux islamistes armés du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, territoire de deux millions d’habitants, mais cherche aussi à étendre son influence en Cisjordanie, où vivent 2,8 millions de Palestiniens.