Libye- attentats : le difficile retour à la normale

L’attentat à la voiture piégée qui a détruit l’ambassade de France à Tripoli, huit mois après la sanglante attaque contre le consulat américain à Benghazi, assène la preuve formelle que le rétablissement de la sécurité en Libye n’est pas pour demain.
L’attaque est tout s’abord un signal clair adressé à Paris, probablement à cause de son intervention militaire contre les groupes islamistes armés au Mali. Dans ce sens, le gouvernement français a certainement déchiffré le message et sait désormais à quoi s’en tenir : la France ne sera pas à l’abri d’autres actions violentes dirigées contre ses intérêts ou contre ses ressortissants. Sur un autre plan, l’attentat de Tripoli porte en lui la signature de la violence persistante en Libye, malgré la fin de la guerre et la chute du régime de Mouammar Kadhafi depuis 18 mois. Et en l’absence de revendication, de nombreuses hypothèses sont avancées par les spécialistes.
Parmi ces éventualités, celle de combattants affiliés à Al Qaïda qui se sont repliés du Mali. Cette piste, si elle n’est pas à écarter  totalement, n’invalide pas la réalité de la présence d’armes partout en Libye. Après l’effondrement du régime, les arsenaux de Kadhafi ont été systématiquement pillés. Aujourd’hui, les armes sophistiquées que l’ancien dictateur distribuait à gauche et à droite à toutes sortes de mouvements soi-disant révolutionnaires, sont entre les mains de milices incontrôlées. Plus précisément, ces groupes tirent leur force des soutiens qu’ils ont auprès des tribus les plus influentes dans le pays. Pour sa part, le gouvernement n’a aucune prise sur les milices armées. Même les services de sécurité sont soupçonnés d’être noyautés par divers groupes islamistes, dont des salafistes hostiles au gouvernement en place. Les nombreuses attaques dirigées contre des officiels et des membres du gouvernement, y compris l’attentat contre le président du Congrès général national Mohamed El Mgarayef, illustrent le délitement de la situation sécuritaire dans le pays.
A part Tripoli qui bénéficie d’un calme relatif, les autres régions sont aux mains de groupes armés qui se livrent à des règlements de compte ou qui assoient leurs zones d’influence. Après l’attaque contre l’ambassade de son pays, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius a certainement eu les mots qu’il fallait en parlant de la « difficulté de rétablir la sécurité en Libye ».

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