Face aux putschs répétés, la Cédéao s’alarme mais n’active aucun dispositif officiel

Deux jours après la tentative de coup d’État au Bénin et dix jours après celui de Guinée-Bissau, la Cédéao hausse le ton. Devant le Conseil de médiation et de sécurité, mardi 9 décembre, son président, Omar Touray, a évoqué un véritable « état d’urgence » au sein de l’espace communautaire, citant la multiplication des putschs et la progression des groupes jihadistes. Une formule forte, mais dénuée de toute traduction institutionnelle à ce stade.

Selon un cadre de l’organisation, cette expression relève davantage du constat politique que d’une mesure juridique : aucun mécanisme communautaire d’exception n’existe dans les textes, et la conférence des chefs d’État n’a jamais validé un tel dispositif. Les sanctions économiques ou la suspension d’un pays – appliquées par le passé au Mali ou au Niger – restent les seules options prévues par le Protocole sur la bonne gouvernance.

Pour certains spécialistes, dont le professeur Jean-François Akandji-Kombé, cette référence à un « état d’urgence » pourrait toutefois relancer une idée anciennement débattue : doter la Cédéao d’un véritable système de sécurité collective, capable d’intervenir face aux menaces régionales. Une piste qui pourrait s’imposer alors que l’organisation s’interroge sur l’avenir de la démocratie en Afrique de l’Ouest.

En parallèle, la déclaration d’Omar Touray peut aussi être lue comme un appel aux États membres à activer leurs propres dispositifs nationaux d’urgence lorsque la stabilité interne est menacée.

Le sommet des chefs d’État prévu le 14 décembre à Abuja devrait permettre d’éclaircir ces intentions et, peut-être, de préciser les contours d’un éventuel nouveau cadre sécuritaire régional.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *