À Antananarivo, la conférence internationale sur la croissance verte et inclusive, organisée jusqu’au 10 décembre, intervient à un moment clé : quelques semaines après une « Révolution » politique qui ouvre, selon économistes et chercheurs, une fenêtre rare pour transformer durablement Madagascar.
Pour Jean-Philippe Palasi, fondateur du think-and-do-tank environnemental Indri et coorganisateur de l’événement, le pays a trop longtemps été prisonnier d’un schéma immobile : une élite restreinte se partageant un « petit gâteau » économique. Le défi, dit-il, est désormais de bâtir « un très grand gâteau » dont les bénéfices profiteraient non seulement aux dirigeants, mais aussi à la majorité de la population.
Cette idée rejoint les travaux de l’économiste Stefan Dercon, auteur de Gambling on Development, qui décrit ce qu’il appelle le « pacte de statu quo » : des élites uniquement soucieuses de préserver leurs privilèges. « Le développement est un choix intérieur », rappelle-t-il. Sans volonté politique, aucune aide extérieure ne peut opérer de miracle.
Selon lui, certaines « poches d’efficacité » – comme les douanes ou la filière vanille – prouvent que des changements sectoriels sont possibles et pourraient entraîner le reste de l’économie.
Mais l’urgence est immense. Avec un taux d’extrême pauvreté avoisinant 80 % et des crises économique, sociale et environnementale qui s’alimentent mutuellement, le pays doit oser un nouveau modèle. « Les gens sont pauvres, donc ils coupent les forêts. Il y a moins de forêts, donc moins de pluie, donc plus d’aridité… et encore plus de pauvreté », illustre Jean-Philippe Palasi.
Pour les acteurs de la société civile, cette période de refondation ne peut donc ignorer l’enjeu central : faire du développement – durable, inclusif et vert – la priorité absolue de la Grande Île.