Les exportations d’armement français ont enregistré une baisse de 8,6% en 2019.
« Le bilan 2019 des prises de commandes s’élève à 8,3 milliards d’euros et se situe dans la moyenne observée au cours des dix dernières années », note le rapport officiel remis au Parlement et publié mardi.
Les années 2015, 2016 et 2018 avaient été particulièrement fastes, dopées notamment par des ventes d’avions de combat Rafale à l’Egypte, à l’Inde et au Qatar.
L’année 2019 a été marquée par quelques contrats emblématiques à destination de la Belgique (systèmes de guerre des mines, Naval Group), des EAU (corvettes Gowind de Naval Group), de la Hongrie (hélicoptères Airbus H225M et H145M), de l’Espagne (satellites de télécommunications) et de l’Australie (conception de sous-marins, Naval Group).
Le secteur naval a représenté la moitié des prises de commandes « alors qu’au cours des dernières années il se situait à 10% en moyenne », note le rapport.
Sur le plan des livraisons, l’année 2019 a été très soutenue avec 9,9 milliards d’euros d’armements livrés contre 6,9 milliards d’euros en 2018, dont deux tiers (6,37 milliards d’euros) aux pays du Moyen-Orient, Qatar en tête suivi de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte.
Ces résultats, « obtenus dans un contexte de concurrence particulièrement vive avec la confirmation de la suprématie américaine et l’émergence de nouveaux grands exportateurs, Chine notamment (…), consolident la place de la France dans le top 5 des exportateurs mondiaux », fait valoir le rapport.
Fait notable, « en 2019, les clients de l’Union européenne ont représenté 42% des prises de commandes auprès de nos industriels (et près de 45% en comptant les autres pays européens, hors UE) », commente la ministre des Armées Florence Parly en ouverture du rapport.
« La crise à laquelle nous faisons face renforce cette volonté de développer la base industrielle et technologique de défense européenne », ajoute-t-elle.
Les commandes européennes représentaient 25% l’année précédente. « On pense que (ce changement) est structurel, on est déterminé à faire en sorte que ça le soit », estime le ministère des Armées.
L’importante part des commandes européennes constitue une inversion de tendance après une décennie d’exportations françaises majoritairement à des pays tiers: sur la période 2010-2019, les cinq principaux clients de la France sont l’Inde, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis. La Belgique est sixième.
La région Proche et Moyen-Orient, première région d’exportation de la France l’an dernier avec près de la moitié du total des prises de commandes, passe en deuxième position derrière l’Europe avec 2,15 milliards d’euros de commandes en 2019, dont 1,5 milliard pour les seuls Emirats arabes unis.
Troisième pays exportateur d’armes dans le monde après les Etats-Unis et la Russie, la France est régulièrement mise en cause, notamment par des ONG et des parlementaires, pour ses ventes d’armement à l’Arabie Saoudite et aux EAU, engagés dans un conflit au Yémen qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 2015, dont de nombreux civils.
Le Moyen-Orient, « qui regroupe des pays en guerre et/ou réprimant leur population civile représente en 2019 60% des livraisons d’armes », a toutefois dénoncé l’Observatoire des armements dans un communiqué.
La France, qui entend préserver son autonomie stratégique et donc disposer de ses équipements militaires, n’a pas de marché suffisant pour assurer la soutenabilité économique de ses programmes d’armements et doit donc exporter, justifient les milieux militaires et industriels.
Les industries de défense françaises représentent 200.000 emplois, pour la plupart de haute technologie, répartis sur tout le territoire ainsi qu’un solde très largement excédentaire pour le commerce extérieur.
De fait, les importations d’armes, comme les drones américains Reaper utilisés au Sahel, représentent moins de 10% des équipements militaires français, selon le ministère des Armées.
Avec la crise économique provoquée par l’épidémie de Covid-19, le ministère des Armées dit s’attendre à « une baisse assez conséquente » des commandes. « Il ne faut pas s’attendre à des miracles », confie une source ministérielle. (AFP)