Les autorités algériennes ont finalement cédé à la pression de la rue et des médias en publiant une photo du président algérien Abdelaziz Bouteflika, contraint à un long congé de maladie à Paris.
Le président Bouteflika, 76 ans, n’a plus été vu en public depuis l’enterrement de l’ex-chef d’Etat algérien, Ali Kafi le 17 avril dernier.
Il a fallu plus d’un mois et demi pour que les autorités d’Alger autorisent enfin la télévision nationale et l’agence de presse officielle APS à diffuser les premières photos montrant un Bouteflika, mal en point, en compagnie de son Premier ministre, Abdelmalek Sellal et du chef d’état-major, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah. La télévision nationale s’est contentée de quelques images sans audio.
Le but des autorités d’Alger était surtout de mettre fin aux rumeurs faisant état d’une dégradation de l’état de santé du président Bouteflika.
Dans les coulisses, un diplomate africain accrédité à Paris, a interprété la présence d’un haut officier de l’armée algérienne au chevet du chef de l’Etat, tel un signe coureur d’une relève que les généraux sont en train de préparer dans une discrétion absolue. Les militaires, gardiens du temple d’Al Mouradia, explique-t-il, craignent un nouveau raz de marée islamiste si jamais des élections anticipées sont organisées démocratiquement comme le prévoit la Constitution.
L’oligarchie militaire a peur de revivre les sanglants événements des années de braise, au lendemain de l’écrasante victoire du Front islamique du salut (Fis – islamiste) aux législatives de 1991, avant que le gouvernement n’annule ces échéances immédiatement après l’annonce des résultats du premier tour, par crainte de perdre le contrôle du pouvoir central.
Donc les militaires ayant mis une croix sur le retour de Bouteflika à la présidence, font tout, estime le même diplomate, pour que la succession se passe comme ils l’entendent, afin de maintenir en main les clés du pouvoir et d’éviter au pays une nouvelle onde de choc dévastatrice comme celle des années 90.