Dans un rapport publié hier mardi, la commission sur le renseignement et la sécurité (ISC) étrille le manque de curiosité du gouvernement sur la question d’une possible ingérence russe dans la campagne référendaire de juin 2016, exhortant les services de renseignements à enquêter sur le sujet et à rendre leurs conclusions publiques.
La publication de ce document de 55 pages était très attendue. Les députés de l’ISC ne sont certes pas parvenus à mettre en évidence des preuves d’ingérences russes, que ce soit dans la campagne du référendum sur le Brexit ou celui sur l’indépendance de l’Ecosse de 2014, où 55% des électeurs ont voté pour le maintien au sein du Royaume-Uni.
Mais ils concluent que l’influence russe sur la politique au Royaume-Uni est devenue la nouvelle normalité, une situation sérieusement sous-estimée par le gouvernement et qu’il aurait dû y avoir une évaluation des ingérences russes dans le référendum.
Elle souligne le contraste saisissant avec la réponse américaine au sujet de celles sur la présidentielle de 2016. Dans les deux suivant celle-ci, le gouvernement américain avait en effet mené une enquête et publié un résumé non classifié de ses conclusions.
La commission dénonce également l’injection par la Russie d’argent corrompu à Londres, la première capitale financière internationale du monde. La commission a en effet souligné que les gouvernements successifs ont accueilli à bras ouverts les oligarques russes et leur argent, leur permettant ainsi de prendre pied au Royaume-Uni.
Le document a été présenté hier mardi avec 9 mois de retard. La commission du renseignement et de la sécurité avait lancé son enquête en novembre 2017 et remis son rapport au Premier ministre en octobre dernier. Dès début novembre, le gouvernement s’était vu reprocher de ne pas vouloir le publier avant le scrutin alors que Boris Johnson évoquait des questions de sécurité nationale.
La publication de ce rapport intervient dans un climat orageux entre Londres et Moscou, notamment avec les récentes accusations du Royaume-Uni contre les services de renseignement russes qui seraient derrière des attaques informatiques destinées à s’emparer du fruit de recherches sur un vaccin contre le nouveau coronavirus.