Deux mois après les attentats de Paris qui avaient été par l’adoption de mesures exceptionnelles par le gouvernement français, la polémique ne cesse d’enfler en France autour de l’idée de la déchéance de la nationalité pour les binationaux coupables de terrorisme.
La mesure a été d’abord proposée par le Front National (FN), puis reprise par Les Républicains avant d’être lancée par le président François Hollande devant une nation en état de choc et un Parlement réuni en congrès. Le gouvernement souhaite étendre à tous les binationaux la possibilité de déchoir par décret, de leur nationalité des individus naturalisés, une mesure qui a été prise à huit reprises depuis 2000.
Selon le Premier ministre Manuel Valls, qui en est un grand partisan, cette mesure est purement symbolique. Elle ne concernerait que peu de monde et ne serait sûrement pas de nature à dissuader d’éventuels djihadistes de passer à l’action.
La décision de François Hollande lui permet de piéger la droite et de favoriser sa réélection en 2017. Mais cette stratégie comporte des risques. Saisi, le Conseil d’Etat a clairement mis en garde le président français qu’une telle réforme risquerait de contrevenir à la Constitution, un obstacle que François Hollande entend surmonter puisqu’il envisagerait, selon Manuel Valls, d’amender la Constitution.
Mais si François Hollande réussit par cette manœuvre à couper l’herbe sous le pied de la droite et de l’extrême-droite, il ne devrait pas manquer de subir des répercussions pour avoir osé reprendre à son compte, une proposition empruntée à l’extrême-droite. Et, logiquement, c’est dans son propre camp que la contestation est la plus vive. La majorité des socialistes craint que la réforme aboutisse à la création de deux catégories de Français et qu’elle ne demeure pas cantonnée aux cas de terrorisme.