Le président français François Hollande s’envole mercredi soir pour une tournée-éclair en Afrique devant le conduire au Bénin, en Angola et au Cameroun, un voyage qui risque d’être perturbés par de nouveaux soubresauts de la crise grecque, dans l’attente du référendum de dimanche.
Mais, l’Élysée souligne l’importance de ce déplacement dans trois pays où François Hollande ne s’est jamais rendu et dont les liens avec la France sont distendus depuis de nombreuses années.
Au Bénin, la dernière visite d’un président français remonte ainsi à celle du socialiste François Mitterrand en 1983, en Angola à celle de l’ex-président de droite Nicolas Sarkozy en 2008, tandis que son prédécesseur Jacques Chirac a été le dernier à se rendre au Cameroun en 1999.
Ce sont trois pays « en attente de la France », souligne-t-on dans l’entourage de François Hollande, qui depuis son élection en 2012 s’emploie à donner un nouveau souffle aux relations franco-africaines, tentant de faire oublier les mauvaises pratiques dites de la « Françafrique » héritées de la période coloniale.
En trois ans, il s’est rendu dans une quinzaine de pays d’Afrique subsaharienne, jouant un rôle clé dans la résolution des crises au Mali et en Centrafrique.
M.Hollande arrive à Cotonou moins de deux semaines après la nomination à la tête du gouvernement de l’homme d’affaires franco-béninois Lionel Zinsou, très proche notamment du chef de la diplomatie française Laurent Fabius et qui fait figure de possible candidat à la succession de l’actuel président Thomas Boni Yahi.
Mais Paris rejette tout soupçon d’ « ingérence » française dans ce petit État côtier de l’ouest africain, soulignant que la visite était programmée « bien avant » le changement de gouvernement.
« Le choix d’aller au Bénin, dans la période actuelle, est en soi un message politique. Le président Yayi vient d’annoncer qu’il respectait la Constitution en ne briguant pas un 3e mandat en mars 2016 », souligne-t-on. Le pays a connu trois alternances démocratiques depuis 1990. M. Hollande visitera aussi deux sites présentés comme des modèles de coopération, un centre de recherche franco-béninois testant un nouveau vaccin contre le paludisme, ainsi qu’une « Bluezone », micro-centre de stockage d’électricité solaire du groupe français Bolloré.
Les deux étapes suivantes, Luanda et Yaoundé, sont moins évidentes sur le plan des libertés et de la démocratie. Le président français rencontrera successivement le son homologue angolais José Eduardo Dos Santos, 72 ans, au pouvoir depuis plus de 35 ans et Paul Biya, 82 ans, à la tête depuis 1982 du Cameroun où une révision constitutionnelle a supprimé en 2008 la limitation des mandats présidentiels.
En Angola, sa visite sera essentiellement économique, avec la volonté de diversifier les échanges de la France au-delà du secteur pétrolier.