L’armée libanaise a mis un terme lundi soir à deux jours d’affrontements avec les partisans du cheikh sunnite radical Ahmad Al-Assir en prenant le contrôle de la mosquée à Saïda considérée comme son quartier-général. Ces affrontements, qui sont le plus grave incident depuis le début du conflit en Syrie, relèvent d’un cran la crainte d’une généralisation du conflit au Liban.
Dimanche, des partisans du Cheikh avaient lancé une attaque à la mitrailleuse et à la roquette contre un barrage de l’armée à Abra, en banlieue de Saïda, avant de se retrancher dans la mosquée du cheikh et les immeubles environnants. Cette attaque, qui a coûté la vie à 16 soldats libanais, est survenue après les attaques verbales d’Ahmad Al-Assir contre l’armée qu’il accuse de faire le jeu du Hezbollah en permettant au parti chiite de s’impliquer dans la guerre en Syrie. La riposte de l’armée aurait fait plus d’une vingtaine de morts et plusieurs dizaines de blessés selon une source médicale. Une soixantaine des miliciens du cheikh auraient été arrêtés. Parallèlement aux affrontements à Saïda, des coups de feu ont été tirés à Tripoli, la grande ville sunnite du Nord du Liban, et un poste militaire a été incendié.
Le Cheikh Assir, qui est toujours en fuite, et 123 de ses partisans ont vu des poursuites être lancées contre eux hier lundi par la justice. Mais les sunnites eux-mêmes sont divisés sur l’attitude à adopter face à ce personnage encore inconnu il y a à peine deux ans. Une bonne partie le désapprouve, le considérant comme un fauteur de troubles. Toutefois, le Premier ministre Najib Mikati appelle à une « justice » de l’armée qui, selon lui, si elle doit désarmer les partisans du Cheikh Assir, doit également désarmer le Hezbollah. Plusieurs mosquées de Tripoli et de Beyrouth ont appelé à soutenir le prédicateur radical.