Le conseil d’administration d’EDF a approuvé ce jeudi, le projet de construction de deux réacteurs nucléaires à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre, pour un coût estimé à 21.4 milliards d’euros.
L’enthousiasme des partisans de ce projet a cependant été refroidi par la déclaration du gouvernement britannique qui a annoncé qu’il voulait se donner plus de temps. Selon le ministre britannique des Affaires économiques et de l’Energie, Greg Clark, Londres devrait prendre sa décision finale au début de l’automne.
Sur les dix-sept administrateurs qui ont participé au vote, dix ont approuvé la décision finale d’investissement et sept ont voté contre, parmi lesquels les six représentants des salariés et Laurence Parisot, ancienne présidente du Medef et candidate à la présidence d’EDF en 2014. Les votants auraient dû être dix-huit mais, peu avant la réunion, Gérard Magnin, fondateur du réseau Energy Cities et administrateur nommé par l’Etat, a démissionné pour exprimer son désaccord avec une stratégie qu’il juge de plus en plus centrée sur le nucléaire, soulignant en plus les risques liés à Hinkley Point.
Le résultat du vote illustre la division que crée ce projet parmi les cadres d’EDF. Pour la plupart des opposants au projet, l’entreprise est aujourd’hui trop fragile pour s’engager sur un chantier aussi coûteux et risqué. Les autres EPR en construction en Finlande ou à Flamanville, en Normandie, souffrent déjà de retards et de surcoûts.
Cet investissement ainsi que les lourdes dépenses pour rénover le parc nucléaire français ou encore racheter l’activité réacteurs d’Areva, vont contraindre EDF à lancer une augmentation de capital de quatre milliards d’euros auquel l’Etat français s’est engagé à participer à hauteur de trois milliards.
Mais pour la direction d’EDF, le projet d’Hinkley Point est crucial. Il devrait permettre à l’entreprise sur le plan industriel de faire le pont entre ses chantiers actuels et de futures commandes espérées en France, en plus de maintenir l’emploi dans la filière nucléaire française et de restaurer sa crédibilité à l’export.