Le procès de trois militantes européennes de Femen, ayant manifesté seins nus le 29 mai à Tunis s’est ouvert mercredi. Cependant, il a été reporté au 12 juin et les inculpées vont devoir rester en détention. La défense semble être par ailleurs optimiste malgré la menace d’une peine de prison et la controverse suscitée dans ce pays dirigé par des islamistes.
Le juge Karim Chebbi a prononcé une interruption d’audience en fin de matinée après que des avocats d’associations, notamment islamistes, aient demandé à être constitués parties civiles. De surcroit, le juge a refusé la demande de mise en liberté conditionnelle des inculpées qui sont deux Françaises, Pauline Hillier et Marguerite Stern, et l’Allemande Josephine Markmann. D’après le parquet de Tunis, le fait pour les trois femmes d’avoir manifesté seins nus est synonyme de « débauche », une infraction passible d’une peine de prison de six mois ferme.
Le sujet traité reste sensible dans ce pays dirigé par les islamistes d’Ennahda et confronté à l’essor de groupes salafistes, alors que le gouvernement tente de soigner son image aux yeux des militants islamistes. C’est pourquoi un cas d’expulsion d’une militante Femen ukrainienne, a eu lieu ce mardi. Alexandra Shevchenko était venue soutenir ses consœurs. Les militantes jugées avaient mené la première action seins nus de Femen du monde arabe le 29 mai en soutien à Amina Sbouï, une activiste tunisienne détenue depuis le 19 mai. Amina a également été entendue ce mercredi par un juge d’instruction dans le cadre des poursuites pour atteinte aux bonnes mœurs et profanation de sépulture.
Au fond, c’est le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, qui est la cible première de ces revendications femen. En effet, il est régulièrement accusé de s’attaquer aux acquis des Tunisiennes qui ont par ailleurs un statut plus libéral dans le monde arabe depuis plus d’un demi-siècle.