Une manifestation organisée hier mercredi à Moscou pour la liberté de la presse a débouché sur l’arrestation de 423 manifestants.
La manifestation n’avait pas été autorisée par la mairie, le Kremlin disant craindre que la marche ne «gêne l’atmosphère festive» de mercredi, jour de célébration de l’anniversaire de l’indépendance de la Russie de l’ex-URSS.
Plus d’un millier de personnes s’étaient rassemblées dans le centre de Moscou et une centaine dans la deuxième ville du pays, Saint-Pétersbourg, encadrées par un imposant dispositif sécuritaire. Mais à Moscou, les autorités n’ont pas traîné pour mettre fin à la manifestation.
Selon l’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations, au moins 400 manifestants ont été interpelés. Parmi eux plusieurs journalistes, dont des collaborateurs du journal d’opposition Novaïa Gazeta, du quotidien Kommersant et du magazine allemand Der Spiegel, ainsi que les organisateurs de la marche, mais également le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui a déjà fait l’objet de nombreuses procédures judiciaires et détentions ces dernières années.
La marche d’hier avait pour objectif de dénoncer les agissements policiers au cours de l’affaire Golounov. Elle fait suite à une mobilisation quasiment sans précédent de la société civile pour obtenir la libération mardi d’Ivan Golounov, journaliste d’investigation du site d’information indépendant Meduza, réputé pour ses enquêtes fouillées sur la corruption des élites et les malversations dans des secteurs opaques et mafieux comme le microcrédit ou les pompes funèbres.
Ivan Golounov avait été arrêté le 6 juin à Moscou par des policiers qui affirmaient avoir découvert dans son sac à dos puis dans son appartement d’importantes quantités de drogue.
Il avait été assigné à résidence samedi avant d’être disculpé et libéré mardi, un dénouement hors norme dans un pays où les services de sécurité et la police sont souvent accusés de monter de toutes pièces des affaires de drogue, pour museler les voix critiques ou simplement pour atteindre leurs quotas mensuels d’arrestations.
Une enquête a été ouverte sur les agissements des policiers ayant interpelé Ivan Golounov, qui ont été suspendus de leurs fonctions le temps de l’enquête, tandis que deux responsables de haut rang de la police moscovite seront limogés.