Russie : bond de la mortalité liée au Covid après un changement de la méthode de comptage

La vice-Première ministre chargée de la Santé Tatiana Golikova a annoncé lundi que, sur les onze premiers mois de l’année 2020, la mortalité générale a augmenté de près de 14% par rapport à 2019 et que « plus de 81% de cette hausse de la mortalité sur cette période est due au Covid-19 et aux conséquences de la maladie ». 

Cette annonce, qui a secoué la Russie, est intervenue après l’adoption par l’agence des statistiques Rosstat d’une définition plus large des victimes et d’une comptabilité plus proche des normes internationales. 

Depuis le printemps, le chiffre officiel n’incluait que les morts où la cause Covid-19  avait été confirmée par une autopsie, dont l’usage est répandu en Russie, mais excluait tous les décès provoqués directement ou indirectement par la pandémie, notamment les nombreux cas de pneumonies. 

Mais les statistiques de surmortalité comptabilisent justement les décès dont le Covid-19 est suspecté en cause principale et ceux où il a accentué d’autres pathologies et provoqué la mort. 

Cette modification fait que le bilan du coronavirus de janvier à novembre s’élèverait à entre    110 000 et 186 000 décès, selon les sources, soit quelque trois fois plus que le bilan officiel, que le gouvernement n’hésitait pas à mettre en avant pour se targuer d’une létalité bien inférieure aux moyennes occidentales. 

Cela implique que la Russie dépasse désormais les moyennes occidentales. Avec désormais plus de 3 millions de cas, quatrième bilan le plus lourd au monde derrière les Etats-Unis, l’Inde et le Brésil, le nouveau nombre des décès classe le pays au troisième rang mondial derrières les plus de 330 000 morts des Etats-Unis et les plus de 190 000 du Brésil. Et cette évaluation n’inclut pas les morts indirectes dues à la surcharge du système de santé, notamment en régions. 

Les autorités nationales et régionales ont, depuis septembre, imposé des restrictions sanitaires à minima face à la deuxième vague de Covid-19 comme l’imposition du masque de protection et la limitation de l’accès à certains lieux de loisir. 

Mais le Kremlin a néanmoins rejeté l’idée de tout nouveau confinement national, après celui du printemps, pour préserver l’économie, se jugeant bien préparées et tablant sur l’efficacité de son vaccin Spoutnik-V, qui a été déployé début décembre.