L’attaque dans la nuit de dimanche à lundi contre un village dogon de la zone de Bandiagara, à l’est de Mopti Centre du Mali), a fait au moins 95 morts, 38 blessés et 19 portés disparus selon un bilan provisoire.
Selon un rescapé, les assaillants, «une cinquantaine d’hommes lourdement armés, venus à bord de motos et de pick-up, ont d’abord encerclé le hameau avant de lancer l’assaut». Certains villageois ont été égorgés et éventrés, des greniers et du bétail ont été brûlés.
Le ministère malien de la Justice a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire par le procureur du pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Mais il est fort probable que cette dernière attaque ait des motivations communautaires.
Dans un rapport publié la semaine dernière, la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), avaient souligné l’exacerbation des tensions dans la région depuis deux ans avec la formation de groupes d’autodéfense et autres milices sur des bases communautaires et mis en garde contre une multiplication des atrocités.
Cette dernière attaque dans le centre du Mali fait suite au massacre le 23 mars dernier à Ogassogou de quelque 160 Peuls attribuée à des chasseurs dogons dans cette région, proche de la frontière avec le Burkina Faso, devenue la plus violente du pays.
L’association de chasseurs dogons Dan Nan Ambassagou, officiellement dissoute au lendemain du massacre d’Ogossagou pour lequel elle avait démenti toute implication, a condamné un « acte terroriste et génocidaire intolérable ».
Le chef de groupe, qui rejette sa dissolution et refuse de déposer les armes, a indiqué qu’il considérait l’attaque contre le village dogon comme une déclaration de guerre.
Depuis l’apparition en 2015 dans la région du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture.