Une récente étude du WRI (World Resources Institute), un centre de recherche américain sur les questions environnementales, a révélé que quatorze des trente-trois pays les plus menacés par le manque d’eau à l’horizon 2040 sont situés au Moyen-Orient, région déjà la moins sécurisée du monde pour l’accès à l’eau. Cette nouvelle donne risque d’aggraver encore plus l’instabilité dans cette région.
Pour parvenir à classer les pays de la planète les plus vulnérables au cours des vingt-cinq prochaines années au stress hydrique, défini par une indisponibilité en eau inférieure à 1 700 mètres-cubes par an et par habitant, les experts du WRI ont combiné des modèles climatiques à base de températures et précipitations et des scénarios de développement socio-économique reposant sur la croissance démographique, l’urbanisation, ou encore l’émergence de classes moyennes. En tête de ce classement publié la semaine passée sur le site du WRI arrivent le Bahreïn, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Palestine et Israël, avec un indice de stress maximal, suivis de l’Arabie saoudite, du sultanat d’Oman et du Liban. D’autres pays, tels que le Chili, la Namibie ou encore le Botswana devraient voir leur niveau de stress hydrique augmenter à un rythme particulièrement élevé. Même les grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde, ne seront pas à l’abri. Les entreprises, les exploitations agricoles et les communautés seront exposées.
Au Moyen-Orient, la question de l’eau, qui peut sembler secondaire, peut agir comme détonateur des crises. Les auteurs de l’étude du WRI affirment que la sécheresse inédite qui a frappé la Syrie entre 2006 et 2010, conjuguée à la « mauvaise gestion chronique » des nappes phréatiques a forcé 1.5 million de personnes, principalement des paysans et des éleveurs, à quitter leurs terres et à migrer vers les zones urbaines. Ce nouveau contexte aurait, selon eux, amplifié la déstabilisation générale de la Syrie et probablement contribué aux troubles qui ont alimenté la guerre civile.