Le cours du blé, qui s’échangeait déjà à prix d’or sur un marché mondial tendu, a battu hier lundi un record à la clôture sur le marché européen, atteignant 438,25 euros la tonne, après l’annonce par l’Inde d’un embargo sur ses exportations de la céréale.
Le cours du blé est au plus haut, ayant augmenté de 40% depuis le début de la guerre en Ukraine, et le prix restait soutenu en raison des risques actuels de sécheresses dans le sud des Etats-Unis, en Europe de l’Ouest et en Afrique.
C’est dans ce contexte que l’Inde, deuxième producteur mondial de blé, a annoncé samedi l’interdiction de toute exportation de blé, sauf autorisation spéciale du gouvernement, pour sécuriser l’alimentation de ses 1,4 milliard d’habitants après une moisson décevante et une baisse de sa production due notamment à des vagues extrêmes de chaleur. Les estimations de récolte escomptées en Inde sont en baisse de 5% par rapport aux 109 millions de tonnes de blé récoltées en 2021.
Pourtant, au début de ce mois, alors qu’il était en tournée en Europe, le Premier ministre indien, Narendra Modi s’était dit, aux côtés du président français, Emmanuel Macron, déterminé «à répondre de manière coordonnée et multilatérale au risque d’aggravation de la crise alimentaire dû au conflit en Ukraine».
L’Inde s’était engagée à fournir du blé aux pays fragiles autrefois dépendants des exportations d’Ukraine, notamment en Afrique où l’insécurité alimentaire atteint déjà des sommets sous l’effet des conflits, des crises climatiques, des chocs économiques et de la pandémie du coronavirus.
Sur les marchés mondiaux, le choc est d’autant plus rude que l’Inde montait en puissance, tablant sur 10 millions de tonnes de blé à exporter cette année, après en avoir exporté 7 millions l’année passée.
Le pays de Modi apparaissait comme une des alternatives possibles au blé de l’Ukraine qui était en passe de devenir le troisième exportateur mondial de blé. L’USDA, le ministère américain de l’Agriculture, estime la capacité d’exportation de Kiev à 10 millions de tonnes cette année, contre 19 millions de tonnes l’année passée.