Le Brésil s’apprête à franchir une étape inédite : émettre, d’ici fin 2025, des obligations souveraines en yuans sur le marché financier chinois. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie de renforcement des relations économiques avec la Chine, principal partenaire commercial du pays.
Selon Dario Durigan, secrétaire adjoint au ministère des Finances, le gouvernement prévoit aussi de revenir sur le marché obligataire européen, en plus d’une nouvelle émission durable en dollars. L’objectif est d’élargir les sources de financement tout en consolidant les alliances géoéconomiques. « L’Union européenne souhaite faciliter l’accès du Brésil à ses marchés financiers, et la Chine pourrait suivre la même voie », a-t-il précisé au Financial Times.
Brasília s’active dans un contexte marqué par les tensions commerciales globales et la volonté de diversifier ses partenaires économiques. Le président Luiz Inácio Lula da Silva s’est récemment entretenu à Paris avec Emmanuel Macron pour tenter de débloquer la ratification de l’accord commercial UE-Mercosur, toujours contesté par les agriculteurs français.
L’émission de « panda bonds » — obligations en yuans émises par des entités étrangères en Chine — vise également à attirer davantage d’investissements chinois, alors que Pékin cherche à accroître son influence économique en Amérique latine.
Cependant, cette opération se déroule dans un climat d’incertitude. La politique économique de Lula, marquée par une augmentation des dépenses publiques, suscite des critiques. Les milieux d’affaires redoutent une inflation persistante, une hausse des taux d’intérêt et une détérioration des finances publiques.
Le Brésil a récemment levé 2,75 milliards de dollars lors de deux émissions obligataires internationales. Mais malgré l’amélioration de sa note par Moody’s en 2024, l’agence a revu à la baisse ses perspectives en mai dernier, pointant le manque de progrès sur la réforme budgétaire.
