Une alliance de gauche en Suisse a lancé récemment une initiative populaire exigeant un changement fondamental du système économique. L’initiative veut que l’économie suisse, y compris ses importations, se réinsère dans les limites naturelles terrestres d’ici 10 ans.
« Intempéries violentes, incendies dévastateurs et canicules: les dérèglements climatiques sont désormais bien connus de tous », a pointé la coprésidente des Jeunes Vert-e-s Julia Küng devant les médias.
Des représentants de la gauche et des experts environnementaux ont lancé l’initiative « pour une économie responsable respectant les limites planétaires ». Ils ont jusqu’au 24 février 2023 pour récolter les 100.000 signatures nécessaires pour l’organisation d’un référendum sur l’initiative.
L’initiative veut que l’économie suisse s’adapte aux limites naturelles terrestres dans six domaines: le climat, la biodiversité, la consommation d’eau, l’utilisation des sols, la pollution atmosphérique et les apports d’azote et de phosphore.
Selon Julia Küng, « les bonnes intentions sont là (…) mais les priorités ne sont pas mises au bon endroit ». La Confédération a par exemple fixé à 25.000 tonnes la limite pour les émissions d’ammoniac, a illustré Georg Klingler, expert climatique de Greenpeace.
Depuis 2000, ces émissions se montent toutefois à plus de 40’000 tonnes. « C’est presque le double de notre objectif », a déclaré l’expert. « Il faut changer notre manière de faire maintenant, et pas attendre 40 ans », a-t-il poursuivi.
Selon un rapport onusien, si les pays avaient agi en 2009, ils auraient dû réduire leurs émissions de 3,3% par an. Dix ans plus tard, ils auraient dû les réduire de 7,6%. En 2025, les réductions devraient s’élever à 15,4%.
« La protection de l’environnement ne doit plus être « nice to have ». Elle doit devenir la priorité numéro un. Avant la croissance économique exponentielle et l’appât du gain », a martelé Julia Küng.
Julia Steinberger, professeure sur les enjeux sociétaux liés à l’impact des changements climatiques à l’Université de Lausanne, explique que la Suisse a déjà dépassé plusieurs limites planétaires, notamment le climat, la biodiversité et la fertilisation des sols.