En visite à Caracas mercredi dernier, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a informé le chef de l’Etat vénézuélien, Nicolas Maduro que la Cour avait décidé d’ouvrir une «enquête formelle» sur la situation des droits de l’homme au Venezuela.
Cette décision intervient après un examen préalable mené depuis février 2018, à l’initiative de la procureure d’alors Fatou Bensouda. Pendant tout ce temps, la CPI s’est penchée sur la situation des droits de l’homme au Venezuela, plus particulièrement sur les évènements de 2017, quand la répression de manifestations contre le régime avait fait près de cent morts.
Dans un rapport publié en décembre 2020, le bureau du procureur avait estimé qu’il y avait une « base raisonnable » pour croire que des crimes contre l’humanité, dont des cas de viol et de torture, avaient été commis en 2017 et après. Ce document avait également dénoncé « l’inaction » des autorités vénézuéliennes pour que justice soit faite.
L’annonce de la CPI a été contestée mais « respectée » par Caracas, dont la justice devrait pleinement coopérer, et saluée par l’opposition, qui dénonce depuis des années les atteintes du régie chaviste en matière des droits de l’homme, et les ONG de défense des droits humains.
Provea, importante ONG vénézuélienne de défense des droits de l’homme, estime que « 40 personnes seraient mortes sous la torture de 2018 à 2020 », et que le Venezuela compterait « plus de 250 prisonniers politiques » à ce jour.
Ce sera la première fois, depuis qu’elle a vu le jour, que la CPI va enquêter sur des faits survenus en Amérique latine, elle qui œuvre essentiellement en Afrique et en Asie. Mais sa décision finale dans le dossier vénézuélien pourrait bien ne pas survenir avant plusieurs années.