La Cour suprême indienne a examiné lundi une contestation en justice de la déportation de dizaines de milliers de Rohingyas vivant en Inde décidée par le gouvernement de New Delhi.
Le gouvernement indien avait en effet soumis à la Cour suprême une déposition écrite dans laquelle il dit considérer que les réfugiés Rohingyas en provenance du Myanmar constituaient « une menace potentielle et très grave à la sécurité nationale », promettant de les expulser sous peu.
Le gouvernement indien accuse ces réfugiés, qu’il présente comme des immigrés clandestins, « de se livrer à des activités anti-nationales et de faire transiter des fonds via le hawala », ce système informel de virement de fonds en vigueur dans des pays musulmans. Les autorités indiennes accusent « certains Rohingyas » d’entretenir des liens avec des groupes extrémistes.
A cette déposition, un recours a été introduit au nom de deux hommes Rohingyas résidant dans un camp de réfugiés de New Delhi depuis qu’ils ont fui, il y a plusieurs années, les violences contre leur minorité musulmane en Birmanie bouddhiste.
La minorité musulmane Rohingya est persécutée depuis des décennies dans l’ouest birman. Et depuis fin août, une nouvelle flambée de violences dans l’État Rakhine a précipité plus de 410.000 Rohingyas au Bangladesh voisin. Si le Bangladesh est la destination principale des vagues successives de réfugiés Rohingyas, certains d’entre eux ont, au cours du temps, trouvé abri en Inde et au Népal ainsi qu’au Pakistan.
Le nombre de réfugiés Rohingyas en Inde est estimé à 40 000 alors qu’il est officiellement de 16 000 sur base des fichiers d’enregistrement du HCR, le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés. Evoqué depuis le mois dernier par le secrétaire d’Etat indien à l’Intérieur, le processus d’expulsion n’a toujours pas débuté. La prochaine audience de la Cour suprême est fixée au 3 octobre.