Craintes d’escalade au Nigeria suite à la répression d’un groupe religieux chiite

Featured Sécurité

Les populations d’Abuja, la capitale du Nigeria, craignent une nouvelle escalade de violences au lendemain de trois jours de heurts entre les manifestants des membres d’un groupe radical chiite et les forces de l’ordre ayant causé la mort d’au moins six personnes.

Selon un communiqué de l’armée, les forces de l’ordre (armée et police), ont «repoussé l’attaque» menée par des membres du Mouvement islamique du Nigeria (IMN), qui ont «tiré avec des armes à feu», jeté des pierres et des cocktails Molotov.

Trois membres de la secte ont été tués lors de ces affrontements qui ont eu lieu lundi. Samedi, l’armée avait également annoncé avoir tué trois autres membres de l’IMN qui, selon elle, avaient attaqué un convoi militaire transportant des armes et des munitions.

De son côté, l’IMN dément les versions officielles, affirmant que ses membres manifestaient pacifiquement pour soutenir leur leader Ibrahim Zakzaky, emprisonné depuis près de trois ans.

Le porte-parole du groupe chiite estime que le bilan pourrait être plus lourd encore, car il y a eu de «nombreux» blessés et que l’armée a emporté des corps de manifestants abattus.

Cela fait plusieurs mois maintenant que ces partisans du groupe islamiste manifestent pour réclamer la libération de Zakzaky, emprisonné depuis les violentes manifestations qui avaient secoué Zaria, dans le nord du Nigeria, en décembre 2015.

Ibrahim Zakzaki conteste l’autorité d’Abuja depuis des années et souhaite établir un Etat islamique chiite à l’iranienne dans un pays où les musulmans sunnites sont très largement majoritaires.

Les manifestations pour le soutenir débouchent souvent sur des violences et des groupes de défense des droits de l’homme accusent les militaires d’avoir tué plus de 300 chiites et de les avoir enterrés dans des fosses communes, ce que l’armée dément.

Les observateurs craignent que ne se reproduise le scénario de l’émergence de Boko Haram. Le désormais tristement célèbre groupe terroriste nigérian contestait au départ la mauvaise gouvernance et la corruption des autorités avant de passer à la lutte armée.

Le groupe Boko Haram s’est radicalisé après que 800 personnes, dont son fondateur Mohammed Yusuf, eurent été tués en juillet 2009 dans la capitale du nord-est, Maiduguri. Depuis, son insurrection et sa répression par l’armée ont fait plus de 27.000 morts et 2,6 millions de déplacés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *