Brexit : Londres menace de se retirer du protocole nord-irlandais s’il n’est pas remanié

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Le ministre britannique du Brexit, David Frost a déclaré hier mardi que Londres pourrait suspendre le protocole nord-irlandais qui permet à la province britannique de continuer à faire partie du marché unique européen et qui, selon lui, met en péril la stabilité de l’Irlande du Nord. A la place, le gouvernement britannique a proposé une version remaniée de ce protocole. 

Pour David Frost, le protocole nord-irlandais ne marche pas et il faut donc renégocier radicalement l’accord de Brexit en s’attaquant notamment à la place accordée dans le protocole aux juridictions européennes. 

Le texte est tenu responsable de difficultés d’approvisionnement et est accusé par les unionistes de créer une frontière en mer d’Irlande, faisant craindre un retour des tensions. 

David Frost a ainsi présenté une version remaniée du protocole nord-irlandais post-Brexit. Celui-ci propose moins de contrôles douaniers pour une circulation pratiquement libre des marchandises entre l’Irlande du Nord maintenue dans le marché unique européen et le reste du Royaume-Uni, et un arbitrage international pour faire respecter les lois du marché unique en Irlande du Nord, au lieu du seul recours pour l’instant à un « système de droit européen contrôlée par la cour de l’une des parties », la Cour européenne de justice (CJUE). 

David Frost assure que, sans un nouvel accord, le gouvernement britannique est prêt à déclencher l’article 16 qui lui permet de se retirer de l’accord. 

La prise de position très dure de Londres intervient alors que la Commission européenne s’apprête à formuler ce mercredi ses propres propositions sur ce dossier. Mais la remise en cause par le ministre britannique du Brexit de la Cour européenne de justice va bien au-delà des concessions qui pourraient être acceptées par Bruxelles pour sauver le protocole. 

Une sortie du Royaume-Uni du protocole pourrait avoir des conséquences très lourdes, notamment le rétablissement immédiatement d’une frontière terrestre entre les deux Irlande, avec le risque de raviver les «troubles» ayant opposé pendant des décennies, les unionistes, attachés au maintien de la province au sein du Royaume-Uni, et les républicains, partisans d’un rattachement à l’Irlande. Ces troubles, qui ont pris fin en 1998, ont fait près de 3.500 morts dans les deux camps.