La défense de l’islamologue suisse Tariq Ramadan va interjeter appel contre la décision de la cour d’appel de Paris de le renvoyer en procès pour des accusations de viols portées par trois femmes en France. M. Ramadan a mandaté une équipe d’une demi-douzaine d’avocats pour le représenter dans cette affaire.
Jeudi, l’avocat de Ramadan, Me Pascal Garbarini, avait conditionnellement envisagé un pourvoi en cassation, en attendant de consulter son client. De son côté, un autre avocat de Ramadan, Me Ouadie Elhamamouchi, avait affirmé fermement que le pourvoi serait déposé.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel a statué jeudi pour renvoyer Tariq Ramadan, âgé de 61 ans, devant la cour criminelle de Paris pour des viols présumés sur trois femmes, entre 2009 et 2016. En revanche, les juges ont écarté les accusations d’une quatrième femme, qui dénonçait neuf viols présumés commis en France et à l’étranger entre 2013 et 2014.
Me Garbarini a affirmé à l’issue de la décision que le combat pour l’innocence de son client se poursuivait. Il maintient sa position selon laquelle il n’existe pas suffisamment d’éléments probants, tant sur le plan matériel que sur celui de l’emprise, pour justifier le renvoi en procès.
Les avocates des plaignantes écartées, Me Laure Heinich et Me Laura Ben Kemoun, ont indiqué qu’elles envisageaient également de former un pourvoi contre cette décision, dont les motifs détaillés n’étaient pas encore connus vendredi.
Cette affaire, hautement médiatisée et symbolique de l’ère MeToo, a vu les plaignantes décrire des relations sexuelles décrites comme particulièrement brutales, selon l’ordonnance de renvoi en procès.
Initialement, Tariq Ramadan avait nié tout acte sexuel avec ses accusatrices, pour ensuite reconnaître des relations sexuelles extraconjugales qu’il qualifie de « dominatrices » et « rudes », mais consenties.
En Suisse, Tariq Ramadan a été acquitté en mai 2023 dans une affaire de viol et de contrainte sexuelle remontant à 2008. Le procès en appel s’est tenu fin mai à Genève, où le procureur a requis trois ans de prison, dont la moitié ferme, en évoquant l’emprise exercée par Ramadan, comparée à un « syndrome de Stockholm » chez la plaignante.