Les violences interconfessionnelles en Centrafrique continuent de faire des morts et risquent de dégénérer, alors que les forces françaises et les soldats tchadiens de la Mission de l’Union africaine en Centrafrique (Misca) sont accusés de partialité par l’un ou l’autre des protagonistes.
La tension est telle que des militaires tchadiens faisant partie de la Misca ont été obligés de tirer sur une foule hostile lundi à Bangui. Les soldats tchadiens qui sont musulmans, sont accusés par les chrétiens, majoritaires en Centrafrique, de soutenir la minorité musulmane et ses forces de la Séléka. Pourtant, la mission des troupes françaises et africaines est de désarmer à la fois les anciens rebelles de la Séléka et les milices chrétiennes d’autodéfense baptisées les anti-Balaka.
Depuis l’entrée des forces de la Séléka en mars 2013 à Bangui, la situation n’a cessé de se dégrader. Les pillages et les exactions des éléments armés de la Séléka contre la population à majorité chrétienne, ont forcé cette dernière à fuir. La population a dû chercher refuge dans des endroits plus sûrs, en particulier aux abords de l’aéroport, tenu par des hommes de la Misca et du contingent français Sangaris. D’autres groupes se sont constitué en milices anti-Balaka, plongeant le pays dans un déchaînement de violence meurtrière.
Mais si les chrétiens accusent les soldats tchadiens de soutenir les musulmans et exigent leur départ de Centrafrique, la minorité musulmane, elle, accuse les soldats français de désarmer uniquement les éléments de la Séléka. Les musulmans estiment ainsi que les soldats français et les hommes de la Misca ne font que livrer la minorité musulmane au massacre. Déjà, des bruits commencent à courir sur le lynchage de nombreux musulmans par des chrétiens.
Face à l’hostilité d’une majorité de centrafricains contre le Tchad, les autorités de N’Djamena ont commencé à rapatrier les soldats tchadiens, diminuant dangereusement le contingent international constitué de 4000 hommes de la Misca et des 1600 soldats français.