Au Cap-Vert, l’escudo reste la monnaie du quotidien, bien qu’il ait disparu du Portugal à la fin des années 1990 avec l’arrivée de l’euro. Héritée de l’époque coloniale, la devise s’est transformée en escudo cabo-verdien, désormais ancrée à l’euro grâce à un accord de change signé avec le Portugal en 1998.
Sur les marchés de Praia, les vendeuses parlent toujours en « contos » (1.000 escudos) comme autrefois. Valita Moniz, 53 ans, vend des légumes depuis plus de 30 ans : « Notre escudo, c’est notre marque, notre passé et notre présent. » Comme beaucoup, elle n’a jamais utilisé une autre monnaie.
Après l’indépendance en 1975, le Banco de Cabo Verde a remplacé le Banco Nacional Ultramarino, émettant dès 1977 les premières pièces et billets nationaux, arborant des symboles de souveraineté. L’escudo cabo-verdien, identifié par le sigle CVE, est resté stable : « Nous avons eu de l’inflation, mais jamais assez pour changer de monnaie », souligne l’économiste António Batista.
Pour les vendeurs, l’escudo est aussi un repère pratique : « Une pièce de cinq escudos, même un enfant la reconnaît », dit Inês Moreira, 58 ans. Doriva Cruz, 51 ans, se souvient encore des billets à l’effigie d’Amílcar Cabral, héros de l’indépendance : « Pour moi, c’est un symbole de lutte. »
Le lien fixe avec l’euro (1 euro = 110,265 CVE) a apporté stabilité économique. Le gouverneur de la Banque du Portugal, Mário Centeno, et le Premier ministre Ulisses Correia e Silva y voient un pilier essentiel de confiance. Pour António Batista, garder le même nom de monnaie est un gage de sécurité, notamment pour les investisseurs et les membres de la diaspora.