Une enquête menée par le journaliste français, Benoît Collombat, en partenariat avec le journal français Libération, vient de révéler de nouveaux éléments sur le caractère massif de la surveillance des opposants libyens sous le régime Kadhafi.
Ce rapport est accablant pour l’entreprise française Amesys, accusée d’avoir été complice de cette surveillance.
Amesys est également soupçonnée de «complicité d’actes de torture» pour avoir vendu à la Libye un programme dénommé « Eagle » qui a permis au régime de Mouammar Kadhafi de traquer les opposants sur Internet et les réseaux sociaux, mais conteste toutes les accusations qui sont portées contre elle.
Les conclusions de l’enquête de Benoît Collombat citent des documents internes aux services de renseignements libyens découverts par les juges qui enquêtent sur Amesys. Ces documents révèlent un véritable quadrillage des communications avec notamment des mails privés de personnes qualifiés de « cibles » ainsi que des fiches nominatives d’opposants libyens à surveiller.
Pour l’avocate de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), ces documents sont la preuve matérielle et documentaire que les services de sécurité établissaient des dossiers de renseignement à partir d’adresses mails qu’ils surveillaient en temps réel, autour d’individus qu’ils avaient particulièrement dans leur viseur, un travail de renseignement qui aboutissait à l’arrestation et à la torture des personnes ciblées.
Un Libyen entendu il y a trois mois par le juge Claude Choquet, détenu et torturé 99 jours à Benghazi avant de quitter la Libye pour les Etats-Unis, affirme que plus de 300 personnes qui étaient en prison en même temps que lui, étaient incarcérés à cause de leurs communications sur Internet.
Ce système de surveillance aurait survécu au régime Kadhafi et serait encore utilisé dans l’actuelle Libye en plein chaos, plus précisément par les milices constituées en grande partie, par des cadres de l’ancien régime de Kadhafi.