Dans un rapport publié hier jeudi, en période de rentrée scolaire, l’Unicef précise que les conflits qui dévastent de nombreux pays au Moyen-Orient y privent plus de 13 millions d’enfants d’école, soit quatre enfants sur dix dans les pays les plus touchés.
Cette situation est d’autant plus navrante que la région semblait en passe, il y a quelques années d’atteindre l’objectif de l’éducation pour tous. Mais en quelques années justement, en Syrie, en Irak, au Yémen et en Libye, plus de 8 850 écoles ont été endommagées ou détruites, et ne peuvent plus de ce fait accueillir d’élèves. Certaines de ces écoles abritent des déplacés ou sont occupées par des belligérants. Au Yémen, de nombreux élèves ont été privés du deuxième semestre de l’année scolaire parce que leurs écoles avaient été « transformées en casernes », notamment par les rebelles chiites Houthis. Dans la bande de Gaza, les établissements scolaires sont utilisés comme refuge par les nombreuses familles dont les maisons ont été détruites lors de la guerre de l’été 2014. Et même dans des rares cas où les écoles n’ont pas été détruites ou envahies par des réfugiés ou des déplacés, des parents n’envoient plus leurs enfants à l’école par crainte pour leur sécurité. L’Unicef a en effet recensé 214 attaques contre des écoles dans la région l’année passée. A cela s’ajoute les conditions de vie désastreuses pour de nombreuses familles, privées de moyens de subsistance, dont les enfants n’ont d’autre recours que de quitter l’école pour travailler, dans des conditions difficiles et pour des salaires dérisoires.
Cet aspect des conséquences de la guerre passe souvent au second plan mais n’en est pas pour le moins tragique. Au-delà de la tragédie de voir leurs espoirs et leur avenir brisés, les jeunes privés d’éducation courent plus de risque de rejoindre, volontairement ou non, des groupes armés. Pour tenter tant bien que mal de sauver toute une génération d’enfants, l’Unicef appelle notamment à renforcer les méthodes d’enseignement individuel, notamment numériques, et à faire de l’éducation l’une des priorités de l’aide humanitaire.