Un tribunal chinois condamne à dix ans de prison un éditeur suédois

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Un tribunal de  Ningbo, à l’Est de la Chine, a condamné lundi l’éditeur hongkongais de nationalité suédoise, Gui Minhai à dix ans de réclusion, pour avoir «illégalement diffusé à l’étranger des informations classées», dont le contenu n’a pas été révélé. 

Selon le tribunal, Gui Minhai a reconnu sa culpabilité, accepté le verdict et ne fait pas appel. Sa condamnation commence déjà à attiser les tensions entre Pékin et Stockholm, qui a réclamé hier mardi, la libération de l’éditeur. 

Le tribunal a assuré dans un communiqué, que l’éditeur avait demandé et réacquis en 2018 la nationalité chinoise, ce que le gouvernement suédois conteste. Mais cela suffit à Pékin, qui ne reconnaît pas la double-nationalité, pour «s’opposer résolument» à l’ingérence d’un pays étranger «dans les affaires intérieures et la souveraineté judiciaire» de la Chine. 

Les associations Amnesty International et Human Rights Watch pour la Chine ont dénoncé une condamnation « motivée politiquement ». L’Union européenne a également critiqué la sentence prononcée à l’encontre de Gui Minhai, estimant que ses droits, dont l’accès à une aide consulaire et un procès en bonne et due forme, n’avaient pas été respectés. 

Cette condamnation s’inscrit dans le cadre de l’affaire des disparitions et enlèvements des cinq éditeurs de la librairie Mighty Current Causeway Bay. Profitant des libertés publiques du territoire chinois semi-autonome de Hong Kong, la maison d’édition Mighty Current et sa librairie de Causeway Bay s’étaient spécialisées dans les ouvrages critiques, mettant à nu la vie extraconjugale des dirigeants du Parti Communiste Chinois. 

En 2015, les cinq associés de Mighty Current, Lee Bo, Gui Minhai, Lu Bo, Zhang Zhiping et Lin Rongji, disparaissaient mystérieusement à Hong Kong pour certains, à l’occasion de déplacements en Chine. 

Les autorités chinoises se manifestaient par la suite pour affirmer que ces personnes s’étaient rendues de leur plein gré en Chine pour y coopérer avec la police. Mais les présomptions d’une pression des autorités chinoises sont fortes. Quatre des cinq éditeurs ont été relâchés et sont réapparus brièvement à Hong Kong avant de retourner en Chine. 

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