Turquie : Erdogan dans l’œil du cyclone

ardogan-complicationAprès la démission des ministres turcs de l’Intérieur et de l’Economie mercredi, c’est au tour de leur collègue de l’Environnement, Erdogan Bayraktar, de rendre le tablier sur fond de scandale de corruption qui éclabousse directement le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan.
Fait surprenant, Bayraktar en même temps qu’il a présenté sa démission, a conseillé au premier ministre islamiste de faire de même. Un développement qui traduit l’embarras dans lequel se trouve Erdogan, désormais contesté dans son propre camp. Les choses avaient commencé à se compliquer pour Erdogan le 17 décembre avec l’arrestation de 24 personnes dans un vaste scandale de corruption. Parmi les personnes arrêtées figuraient les fils de trois ministres du gouvernement Erdogan qui ont été obligés de présenter leur démission. Le premier ministre a toutefois dénoncé un « complot » mené par ses adversaires politiques ainsi que par des puissances étrangères. Leur objectif, selon lui, est de déprécier les résultats politiques et économiques réalisés depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Pour Erdogan, la conspiration dont son gouvernement fait l’objet est dirigée contre son parti l’AKP, à quelques mois seulement des élections municipales du 30 mars. Des élections que le premier ministre islamo-conservateur compte utiliser comme tremplin pour l’élection présidentielle de l’été 2014 en Turquie.
Erdogan a réagi à l’arrestation des fils des ministres de son gouvernement par le limogeage de plusieurs responsables des services de police. Une institution où la confrérie musulmane de son ancien allié, Fethullah Gülen, est très active. Exilé aux Etats-Unis, l’influent prédicateur Gülen est désormais considéré par Erdogan comme l’adversaire instrumentalisé par des puissances étrangères qu’il n’ pas nommées.
La tempête politique soulevée par ce scandale est d’autant plus embarrassante pour Erdogan qu’elle intervient quelques mois après les fortes protestations de juin en Turquie. Des milliers de turcs avaient alors occupé la rue pour contester les dérives autoritaires du premier ministre islamiste.

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