Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés hier lundi à l’aéroport de Taipei pour protester contre l’arrivée sur l’île d’un responsable chinois.
Venu participer à un forum sur les échanges entre municipalités, la présence de Sha Hailin, membre du comité du Parti communiste de Shanghai, a ravivé les craintes du rattachement de Taïwan à la Chine continentale.
Les manifestants ont été tenus à l’écart, mais l’un d’entre a réussi à franchir le cordon de police et a crié au passage du dirigeant chinois « Sha Hailin, va-t-en ». Ce dernier est le dirigeant chinois de plus haut rang à se rendre sur l’île depuis l’investiture en mai de la présidente Tsai Ing-wen, issue d’un parti traditionnellement hostile à Pékin. Pour beaucoup de taïwanais, la véritable raison à la présence sur l’île du responsable chinois est de travailler à la réunification. Bien que son nom officiel soit « République de Chine » car n’ayant jamais déclaré son indépendance, Taïwan possède depuis 1949 son propre gouvernement. Le « consensus de 1992 », un accord initié par l’ancien parti au pouvoir, le KMT, qui a longtemps été parti unique sur l’île, avec le PCC, le Parti Communiste Chinois, autour d’une seule Chine, a rapproché les deux frères ennemis. Mais Tsai Ing-wen, issue du DPP, le Parti progressiste démocratique, un parti qui défend une vision indépendantiste de Taïwan, se refuse pour l’instant à reconnaître cet accord.
Dans sa grande majorité, la population de l’île rejette un rattache avec leur grand voisin qui multiplie les stratégies pour isoler Taïwan que Pékin considère comme faisant partie de son territoire. Actuellement, seuls 23 Etats reconnaissent Taïwan et ce chiffre devrait encore diminuer. Rien qu’en Afrique, où la Chine est montée en puissance depuis plusieurs décennies, 13 Etats entre 1994 et 2013 ont fait la bascule de Taïwan vers la Chine continentale.