La justice britannique a décidé hier jeudi d’accorder la liberté sous caution au chef des services secrets rwandais Emmanuel Karenzi Karake, arrêté samedi à Londres, après que celui-ci ait refusé d’être remis à l’Espagne.
La caution du général rwandais a été fixée à 1.40 million d’euros par un tribunal londonien. L’audience pour statuer sur son extradition se tiendra les 29 et 30 octobre prochains. En attendant, une fois sa caution versée, il devra séjourner dans une résidence à Londres qui ne pourra pas être l’ambassade de son pays et devra se présenter une fois par jour à la police. Emmanuel Karenzi Karake avait arrêté samedi dernier par la police britannique à l’aéroport de Heathrow à la demande de l’Espagne qui a émis contre lui un mandat d’arrêt pour crimes de terrorisme en lien avec la mort de neuf Espagnols, dont trois travailleurs humanitaires de Médecins du Monde en janvier 1997. La justice espagnole l’accuse d’avoir « eu connaissance et approuvé le massacre de civils entre 1994 et 1997 dans les villes rwandaises de Ruhengeri, Gisenyi et Cyangugu, ainsi que la mort des trois travailleurs espagnols ».
Agé aujourd’hui de 54 ans, Emmanuel Karenzi Karake est une figure de l’ancienne rébellion du FPR (Front Patriotique Rwandais) majoritairement tutsi et dirigée par Paul Kagame, qui a mis fin au génocide de 1994 et dirige le pays depuis lors. Mais ce mouvement est également accusé de crimes contre des civils au Rwanda durant et après son offensive victorieuse sur Kigali, ainsi que, des années plus tard, dans des camps de réfugiés rwandais de l’est de la RDC (République Démocratique du Congo). Pour le président rwandais Paul Kagame qui s’est exprimé hier jeudi devant le Parlement rwandais, l’arrestation de son chef des services secrets illustre « l’arrogance absolue et le mépris » de l’Occident dont il a remis en question le droit de procéder à cette arrestation.