Ouverture en France d’une enquête contre 4 géants du textile sur le travail forcé des Ouïghours

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Accusés de profiter du travail forcé des Ouïghours en Chine, quatre géants de l’habillement sont visés depuis fin juin par une enquête en France, notamment pour «recel de crime de génocide et de crime contre l’humanité ».
L’enquête rendue publique hier jeudi, a été ouverte par le pôle «Crimes contre l’humanité» du Parquet national antiterroriste, suite à une plainte déposée en avril par l’association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïghour d’Europe (IODE) et une Ouïghoure ayant été internée dans la province du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, où réside la majorité des membres de cette communauté musulmane minoritaire.
Le géant espagnol Inditex (qui détient les marques Zara, Bershka, Massimo Duti) se voit reprocher ses liens avec des producteurs de fils et de tissus du Xinjiang, Uniqlo France (qui appartient au groupe japonais Fast Retailing) est accusé de s’être fourni en textile dans la région et dans la province d’Anhui, où des milliers de travailleurs ouïghours ont été transférés, sûrement par la force.
Le groupe français SMCP (Sandro, Maje, de Fursac) a pour actionnaire majoritaire Topsoho une société détenue par le Chinois Shandong qui aurait implanté ses usines depuis 2010 dans le Xinjiang.
Les chaussures de sport du fabricant américain Skechers USA France ont été produites dans une usine de la province du Guandong, où travaillent des Ouïghours transférés potentiellement de force.
Les plaignants estiment aussi que ces sociétés ne justifient pas d’efforts suffisants pour s’assurer que leurs sous-traitants ne sont pas impliqués dans les persécutions de la minorité musulmane des Ouïghours.
Bien qu’elle ne vise pas les autorités chinoises, la procédure pourrait créer des tensions entre Paris et Pékin et pourrait servir d’argument pour la demande de reconnaissance du caractère génocidaire de la politique chinoise vis-à-vis des Ouïghours par la France. Plusieurs pays déjà, dont les Etats-Unis, ont évoqué un génocide, et des procédures semblables sont en cours dans plusieurs autres pays.