La Place Taksim à Istanbul ne désemplit plus, six jours après le début des manifestations, alors qu’Ankara et d’autres villes turques rejoignent le vaste mouvement de protestation qui est en train de ternir le modèle turc au grand dam du premier ministre islamiste, Tayyip Erdogan.
Malgré les excuses présentées par le vice-premier ministre, Bülent Arinç, pour les brutalités policières qui ont fait jusqu’à présent deux morts et des centaines, voire des milliers de blessés, les manifestants ne baissent pas la pression. Mercredi, des milliers de jeunes ont été rejoints par plusieurs syndicats qui ont appelé à la grève et demandé la démission du premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, actuellement en tournée dans trois pays du Maghreb. Après avoir pris racine vendredi 31 mai sur la place Taksim, devenue le symbole de la contestation antigouvernementale, les manifestations se sont vite étendues dans le pays. Les manifestants descendus au départ pour protester contre un projet de réaménagement de la place Taksim, ont été vite rejoints par tous les déçus de la politique jugée autoritaire du premier ministre islamiste. Des pans entiers de la société turque ont trouvé là, l’occasion d’exprimer leur ras-le-bol contre la politique liberticide de Tayyip Erdogan. Ce clivage dans la société turque est illustré par la détermination des manifestants d’un côté, et la réaction non moins résolue du gouvernement, de l’autre. Les déclarations agressives du premier ministre contre les manifestants ont vite laissé place aux excuses présentées par son adjoint. Mais rien n’y fait, les protestataires semblent plus décidés que jamais. Il faut attendre qu’Erdogan rentre jeudi de sa tournée maghrébine pour voir la suite des événements.
En tout cas, si ces manifestations massives et surprenantes ne menacent pas immédiatement le régime en place, elles ont pour le moins fissuré le modèle d’une Turquie qui aurait réussi sa transition démocratique sous la direction d’un gouvernement islamiste.