Le paysage politique portugais connaît un bouleversement majeur après les législatives anticipées du 18 mai. Battu par la coalition de droite de Luis Montenegro et dépassé de peu par l’extrême droite, le chef du Parti socialiste, Pedro Nuno Santos, a annoncé sa démission. « Je ne serai pas candidat à la direction du parti lors des prochaines élections internes », a-t-il déclaré dimanche soir, tout en jugeant que Montenegro « n’est pas apte à gouverner ».
Avec 32,7 % des voix, l’Alliance démocratique (AD) remporte le scrutin mais reste loin de la majorité absolue, avec 89 sièges sur 230. Le Parti socialiste chute à 23,4 %, talonné par Chega (« Assez »), qui réalise une percée historique à 22,6 % et obtient également 58 sièges. Un score record pour cette formation d’extrême droite, fondée en 2019, qui s’impose comme une force incontournable. Son chef, André Ventura, a salué « la fin du bipartisme au Portugal ».
Luis Montenegro, Premier ministre sortant, devra composer avec une Assemblée fragmentée. S’il a exclu toute alliance avec Chega, les équilibres parlementaires le placent dans une position délicate. L’an dernier, déjà sans majorité, il avait été contraint de démissionner sur fond de soupçons de conflit d’intérêts.
En un an, son gouvernement a renforcé le pouvoir d’achat en augmentant retraites et salaires, tout en durcissant la politique migratoire. Un virage notable, alors que le Portugal, où les immigrés représentent 15 % de la population, était jusque-là un modèle d’ouverture. Ce durcissement a nourri la montée de Chega, dont le discours anti-élite et anti-immigration trouve un écho grandissant dans l’opinion.