Cinq grandes banques françaises sont pointées du doigt par les ONG écologistes qui luttent contre l’utilisation de cultures alimentaires (blé, maïs, betteraves, colza…) pour la fabrication d’agrocarburants, tels l’éthanol et le biodiesel.
Dans un rapport publié ce mercredi 17 avril, Oxfam-France accuse les banques en question d’avoir prêté aux industriels de l’agrocarburant en Europe, quatre milliards d’Euros entre 2009 et 2012. A travers ces prêts, estime l’ONG, les banques françaises contribuent à « l’insécurité alimentaire mondiale croissante en finançant » les producteurs de carburants à base de cultures végétales, aux dépens de la production alimentaire et vivrière.
Selon le document d’Oxfam, les cinq banques françaises (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Banque populaire/Caisse d’Epargne et CiC-Crédit mutuel) ont aussi soutenu l’activité de dix principaux producteurs européens d’agrocarburants, en émettant également, durant la même période, « des actions et obligations pour un montant total de plus de 3 milliards d’euros ».
Avec 15 sites de production, dont cinq grandes usines flambant neuf, le secteur a produit 12,5 millions d’hectolitres en 2011-2012, contre 11,6 millions un an auparavant.
L’ONG qui s’appuie sur une étude réalisée par un cabinet d’expertise néerlandais, «Profundo», précise que les agrocarburants (dits de première génération), produits à base de cultures alimentaires (blé, maïs, betteraves, colza…), représentent 4,5% de l’énergie que consomme chaque année, le secteur des transports dans l’Union européenne.
Pour alléger l’impact négatif sur l’alimentation mondiale, du fait du recours à cette source d’énergie (méthanol et biodiesel), très en vogue par ailleurs, dans le continent américain, la Commission européenne a proposé en octobre dernier, de plafonner cette part à 5% d’ici 2020. Le but attendu est d’encourager la filière à développer des biocarburants à base d’autres matières premières comme les algues, les déchets alimentaires ou la paille.
Pour les partisans de l’agrocarburant, cette filière n’exploitait en 2011, que 0,7 % de la surface agricole utile française pour la production de bioéthanol, déduction faite des coproduits (tourteaux…) destinés à l’alimentation animale.
Pour défendre leur position, les industriels du secteur ont anticipé en publiant les conclusions d’une étude du cabinet PriceWaterhouseCoopers (PwC) qui précise que la production du bioéthanol offre 6.000 emplois directs et indirects en France, et représente 345 millions d’euros de valeur ajoutée ou 815 millions d’euros en incluant l’indirect et l’induit.
Le biodiesel, l’autre grande famille d’agrocarburants, produit à partir du colza, soja et huile de palme, représente toujours selon le cabinet PwC, 12.000 emplois directs et 10.600 indirects en France.
C’est donc une guerre larvée des chiffres que se livrent les partisans et opposants à l’utilisation des cultures alimentaires pour la fabrication des agrocarburants, mais qui in fine, ne fera pas avancer les choses vers une entente pour le bien-être de l’humanité toute entière et surtout des populations les plus pauvres de la planète.