Selon deux responsables se confiant à la presse, l’Egypte pourrait adopter des dispositions légales contre les journalistes diffusant des bilans d’attaques djihadistes en contradiction avec les informations officielles dans le cas où la nouvelle loi antiterroriste est approuvée.
Dans les jours à venir, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi devrait procéder à la promulgation de cette nouvelle loi antiterroriste. Pour rappel, le dirigeant égyptien s’était engagé à renforcer la législation après la mort du procureur général survenue le 29 juin dernier lors d’un attentat. A l’heure actuelle, le gouvernement a d’ores et déjà donné son approbation sur le projet de loi et le contenu de celui-ci a été diffusé par divers journaux égyptiens. En particulier, l’article 33 prévoit une peine d’au moins deux ans d’emprisonnement pour tous ceux qui « rapportent de fausses informations sur des attaques terroristes qui contredisent les communiqués officiels ». En plus, la même loi donnera également la possibilité d’une expulsion ou d’une assignation à résidence.
Il faut noter que le ministre égyptien de la Justice, Ahmed al-Zind, et un autre responsable ont confirmé que cet article existe effectivement. A en croire M. Zind, ce texte tire son origine, en partie, de la couverture médiatique de l’attaque perpétrée le 1er juillet dernier dans la région égyptienne du Sinaï contre les forces de sécurité par les éléments de l’organisation djihadiste de l’Etat Islamique (EI). A ce propos, le porte-parole de l’armée avait fait état de 21 morts dans les rangs des militaires au cours de ces combats. De leur côté, des responsables de la sécurité avaient parlé de dizaines de soldats décédés. Mais, selon le ministre de la Justice, « le jour de l’attaque dans le Sinaï, certains sites (d’information) ont parlé de 17 soldats tués, puis 25, puis 40, puis 100 », a-t-il indiqué. De son avis, cette couverture a touché le « moral » de l’Egypte. Et de poursuivre : « le gouvernement a le devoir de protéger les citoyens des fausses informations ».
Une position en phase avec celle du chef d’Etat égyptien, qui, à l’occasion d’une visite samedi dans le Sinaï, a estimé, en parlant de la couverture médiatique de ces affrontements, que les journalistes « ont présenté une fausse image de l’Egypte ».