L’ambassade de France au Maroc s’est vraisemblablement trompée d’adresse en publiant un communiqué dans lequel elle «dément formellement les allégations» relayées par la presse et disant que «les autorités françaises seraient intervenues auprès d’une chaîne de télévision française (Cnews-NDLR), pour qu’elle ne laisse pas s’exprimer l’un des invités d’une émission d’information».
Pour plus de précisions, l’invité en question est le président du gouvernement provisoire Kabyle en exil et chef du Mouvement autonomiste Kabyle (MAK), Ferhat Mehenni qui s’apprêtait à passer dimanche soir sur le plateau de la chaîne française Cnews pour une interview dans son émission «Face à Rioufol» avant d’être briffé en coulisse et à la dernière minute, par le journaliste animateur de ladite émission, Ivan Rioufol que son passage a été annulé.
La grande question qui taraude l’esprit de l’opinion publique et des hommes des médias au Maroc est de savoir pourquoi c’est l’ambassade de France au Maroc et non l’Elysée ou le ministère français des Affaires étrangères, qui émet un tel démenti qui s’adresse bien entendu sans les citer nommément, aux médias marocains alors que ce scandale ne concerne ni de prêt ni de loin les Marocains, mais c’est une affaire cent pour cent franco-algérienne.
Le comble dans cette sortie de la mission diplomatique française est le fait qu’elle souligne dans le même document que «la France demeure engagée en faveur de la liberté de la presse et de la liberté d’expression partout dans le monde. Le pluralisme des médias, le droit d’informer ou d’être informé et la capacité à exprimer des points de vue critique sont essentiels au débat démocratique».
Mais bizarrement cette règle et ces principes ne s’appliquent pas apparemment, aux médias marocains qui n’ont fait que rapporter, à l’instar des médias internationaux, cette information de première main, en se fondant, audio et vidéo à l’appui, sur les déclarations de l’invité lui-même qui parle de la censure et les confidences de l’animateur de l’émission qui a révélé l’annulation.
S’agissant du coup de téléphone de l’Elysée à la direction de Cnews pour annuler le passage de Ferhat Mehenni sur son plateau, ce sont diverses sources en France et ailleurs qui ont avancé que l’Élysée aurait cédé aux pressions d’Alger pour censurer le dirigeant indépendantiste de la Kabylie.
Les mêmes sources détaillent que le président algérien Tebboune et son acolyte, le général Chengriga ont menacé d’annuler la visite que la première ministre française, Élisabeth Borne compte effectuer en Algérie les 9 et 10 octobre, et qui se focalisera sur les livraisons du gaz algérien à la France pour permettre aux Français de passer tranquillement la saison hivernale malgré la coupure du gaz russe.