Brésil : Caetano, Chico et Gil mènent la contestation contre l’« amnistie Bolsonaro »

La grande manifestation organisée dimanche à Copacabana dépasse le simple registre culturel. En réunissant plus de 40 000 personnes autour de Caetano Veloso, Chico Buarque et Gilberto Gil, elle illustre une fracture politique majeure au Brésil : la tentative du Parlement de renforcer son immunité et, indirectement, de protéger Jair Bolsonaro et ses alliés de poursuites judiciaires.

Adoptée par la Chambre des députés, la « PEC da Blindagem » subordonne désormais toute action en justice contre un parlementaire à l’approbation préalable du Congrès, par vote secret. Présenté par son président Hugo Motta comme un rempart contre « les abus judiciaires », le texte est perçu par l’opposition comme une amnistie déguisée, dans un pays où la corruption mine déjà les institutions.

La portée symbolique de la mobilisation est évidente. En 1968, lors de la « Passeata dos Cem Mil », Caetano, Chico et Gil s’étaient dressés contre la dictature militaire. Cinquante-sept ans plus tard, les mêmes voix dénoncent une dérive qui menace l’équilibre démocratique. Leur présence rappelle que l’histoire brésilienne est marquée par des cycles de contestation contre les tentations autoritaires.

La réforme survient dans un contexte de polarisation extrême. Si une partie de la droite la justifie au nom de la stabilité institutionnelle, ses adversaires y voient une tentative de verrouiller le système politique et d’assurer l’impunité de Bolsonaro, poursuivi pour son rôle dans la tentative de coup d’État.

Le retour de figures emblématiques de la résistance culturelle dans l’arène politique témoigne d’un malaise plus profond : celui d’un Brésil où la démocratie, encore fragile, se retrouve de nouveau au centre d’un bras de fer entre mémoire du passé et menaces présentes.

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