A quelques heures de son ouverture mercredi, la conférence Genève II sur la Syrie continue de susciter les interrogations sur les chances de sa réussite, à cause des revirements de dernièrement minute dans le camp des principaux protagonistes, qui multiplient les conditions de leur participation à cette réunion décisive.
Après avoir annoncé qu’il avait invité l’Iran à la conférence de Genève II, le secrétaire général des Nations unies a dû faire marche arrière. La levée de boucliers de l’opposition syrienne et la pression de Washington étaient trop fortes pour Ban Ki-moon. La Coalition nationale syrienne CNS, une des principales composantes de la kyrielle d’organisations de l’opposition syrienne qui combattent le régime de Damas, a menacé de boycotter Genève au cas où l’Iran y participerait. Le poids de la CNS est dû à son soutien par l’Occident et les pays du Golfe, alors que l’Iran refuse toute transition politique excluant Bachar Assad. Pourtant, l’absence de Téhéran de Genève II risque de se répercuter sur l’issue de cette conférence, dont la tenue a demandé des mois de laborieuses tractations. Aux côtés de la Russie, le régime chiite iranien est en effet le principal soutien de Damas dans la région. C’est grâce à leur aide et à l’engagement décisif des combattants du Hezbollah libanais que Bachar Assad a réussi à contenir l’opposition armée, soutenue par les Occidentaux et l’Arabie saoudite notamment.
Encouragé par ses derniers succès militaires sur le terrain, Assad s’est même senti en mesure de narguer l’opposition, deux jours seulement avant le départ de ses représentants pour Genève. Dans une interview accordée à l’AFP, Assad a expliqué que la guerre civile qui a fait quelque 130.000 morts et des millions de réfugiés et de déplacés syriens, était causée par « le terrorisme». C’est pourquoi Genève II doit avoir pour priorité la lutte contre les organisations terroristes, a insisté Assad. Alors que l’opposition armée exige son départ comme préalable à toute solution en Syrie, Assad a froidement lancé qu’il envisageait sérieusement de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles. Car, pour lui, «si la Syrie perd la bataille, le chaos s’installera dans tout le Moyen-Orient».