Deux ans après le retrait des troupes américaines, l’Irak n’en finit pas de s’enfoncer dans la violence qui a culminé avec la chute de la ville de Fallouja entre les mains de groupes ralliés à Al-Qaïda, qui y ont décrété samedi l’Etat Islamique en Irak et au Levant (AIIL).
Bastion sunnite de 300.000 habitants, hostile au premier ministre chiite, Nouri al-Maliki, Fallouja (60 km à l’ouest de Bagdad) reste toutefois encerclée par l’armée régulière. Les combats faisaient encore rage lundi, tout comme dans l’autre grande ville sunnite, Ramadi, située à 100 km à l’ouest de la capitale.
Les combats auraient déjà fait des dizaines de morts et de blessés, alors que l’armée s’apprête à lancer une offensive de grande envergure, appuyée par l’aviation.
Dans son offensive contre Al-Qaïda, le premier ministre chiite irakien est assuré de l’appui de l’Iran, dont l’adjoint du chef d’état-major des forces armées a confirmé un soutien en équipements militaires et en conseils.
Les combattants d’Al-Qaïda avaient profité de la colère et des protestations de la population sunnite contre le premier ministre chiite, accusé de marginaliser la communauté sunnite depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. Depuis plus d’une semaine, les djihadistes avaient intensifié leurs attaques contre l’armée irakienne, obligeant les troupes de Baghdad à se retirer samedi de Fallouja sur ordre d’Al-Maliki. L’armée est toutefois revenue à l’attaque dimanche. Le premier ministre chiite, fort du soutien de Washington, a réaffirmé sa détermination à reprendre à tout prix la ville sunnite des mains des combattants djihadistes.
C’est à Fallouja, Ramadi et dans les autres localités de la province rebelle d’al-Anbar que les Etats Unis avaient perdu, entre 2003 et 2011, le plus grand nombre de soldats depuis la guerre du Vietnam. Ils se sont finalement retirés en décembre 2011, après avoir rompu l’équilibre délicat qui existait depuis des siècles entre communautés sunnites et chiites, laissant un pays ensanglanté par la violence et les attentats quotidiens.