Alors que la situation sécuritaire en Libye ne cesse de se détériorer, les Etats Unis ont décidé de transférer 500 marines qui étaient stationnés en Espagne à la base aérienne Sigonella en Sicile pour être prêts à intervenir rapidement en cas d’attaque dans le pays nord africain.
Selon un responsable du Pentagone cité par les médias américains, le transfert s’est effectué durant le weekend dernier et l’unité est prête à être expédiées en Libye en un rien de temps.
Un autre groupe d’intervention d’élite stationné en Allemagne est également prêt à intervenir si les conditions se détériorent ou si les autorités libyennes le demandent.
D’autres responsables militaires américains ont indiqué que les forces américaines en Europe sont en état d’alerte en raison de la détérioration de la sécurité dans la capitale libyenne et dans d’autres villes.
Au moins 15 personnes ont été tuées lundi dans un attentat à la voiture piégée perpétré non loin d’un hôpital à Benghazi, alors que les manifestations qui ont secoué Tripoli et d’autres grandes villes notamment Benghazi et Tobrouk pendant plusieurs jours- en relation avec l’adoption d’une loi qui exclurait de toutes fonctions publiques les responsables ayant servi dans le gouvernement déchu de Mouammar Kadhafi- ne s’étaient pas totalement calmées.
Les mouvements de protestation pour ou contre cette loi controversée ont fait ressurgir le spectre d’un nouveau conflit armé, surtout que de grandes quantités d’armes continuent à circuler à travers le pays et dans l’ensemble de la région.
Le 8 mai, le Département d’Etat américain a déclaré dans un communiqué que les Etats-Unis soutiennent la Libye dans cette phase critique de la « transition de la dictature vers la démocratie, la stabilité et la prospérité » et a appelé tous les Libyens à œuvrer ensemble pour atteindre les objectifs de la Révolution du 17 Février.
Le lendemain, le département d’Etat a conseillé aux ressortissants américains d’éviter de se rendre en Libye et a ordonné le départ d’une partie du personnel diplomatique et consulaire « non essentiel » de Tripoli en raison de la «situation instable» dans le pays.
Au delà de l’envoi de troupes en cas de besoin, certains analystes pensent que les Etats-Unis et leurs alliés s’acheminent plutôt vers l’établissement d’une présence militaire permanente en Libye.
Selon ces analystes, Washington et ses alliés trouvent dans les récents événements de Benghazi, ainsi que dans le mouvement de protestation croissante contre le régime de Tripoli, installé avec l’aide de l’Otan après la révolution qui a mis fin à la dictature de Khaddafi, ample justification pour l’envoi de troupes américaines et alliées dans le pays.
Certains estiment que sans le soutien des Etats-Unis et de l’Otan, y compris par l’envoi de troupes occidentales, le gouvernement libyen ne pourra pas survivre, alors que d’autres placent l’envoi d’unités militaires dans le contexte d’un processus plus large de militarisation du continent africain.
Quel que soit son soubassement, ce déploiement de troupes américaines en Libye n’est pas le fruit d’une décision individuelle et unilatérale mais est pris en totale coordination avec la Grande-Bretagne et la France.
D’ailleurs certains observateurs ont avancé que les troupes françaises stationnées au Mali pourraient également être redéployées en Libye, ou un attentat à la voiture piégée a visé, le 23 avril dernier, l’ambassade de France à Tripoli, blessant deux gardes français et provoquant d’importants dégâts matériels.
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé qu’un nouveau «foyer terroriste» s’était implanté en Libye et menaçait la souveraineté du gouvernement en place, rejoignant en cela plusieurs experts qui ont affirmé que dans le contexte régional marqué par la guerre que mène l’armée française au Mali la Libye est devenue une arrière-base des groupes islamistes opérant au Mali et dans le Sahel.
Avec la situation explosive qui prévaut en Libye, la guerre au Mali et l’instabilité qui favorise la connivence entre différents groupes terroristes basés au Sahel, sans parler de l’arsenal libyen qui continue à circuler dans la région, les analystes ont vite fait d’établir un lien entre ces éléments et l’éventuel déploiement d’une force occidentale en Libye pilotée par les USA et l’Otan.