L’armée française a annoncé hier jeudi avoir achevé de tester ses drones armés pilotés à distance par des aviateurs qui devraient servir à la traque des djihadistes dans la bande du Sahel, au terme d’une série d’expérimentations menées depuis la base aérienne de Niamey.
Les trois drones américains Reaper actuellement déployés dans le cadre de l’opération française Barkhane et chargés depuis 2014 d’observer les groupes armés au Sahel et de collecter du renseignement, peuvent désormais faire feu sur des ennemis identifiés au sol, tout comme les avions de combat qui sillonnent l’immense zone désertique du Sahel. Ces drones devraient servir à de premières frappes pour aider des troupes au sol en attendant le renfort des avions de combat.
L’armée française recevra l’an prochain six Reaper supplémentaires, équipés de missiles américains Hellfire guidés par GPS. Le parc français de drones doit monter à 12 en 2025, puis 24 en 2030. Les drones ont l’avantage de la discrétion et de l’endurance sur les avions de chasse, avec une autonomie de vol de 20 heures, à une altitude comprise entre 7.000 et 13.000 mètres d’altitude. Leur usage sera strictement encadré par l’armée française.
Dans le monde, seuls les Etats-Unis, le Royaume-Uni et Israël utilisaient jusqu’alors des drones armés. La France décide de rejoindre ce club restreint au moment où la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader au Sahel, en particulier dans la zone dite des «trois frontières» entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et ce en dépit de la présence des 4.500 militaires français de Barkhane sur le terrain.
L’usage des drones au Sahel par l’armée française pourrait s’avérer délicate. L’intense campagne d’«assassinats ciblés» menée par les Etats-Unis à l’aide de drones en Afghanistan, au Pakistan ou au Yémen, a été régulièrement accusée de bafouer l’éthique et de «déshumaniser» la guerre. Et la France voit déjà les populations locales au Sahel, devenir de plus en plus, hostiles à son égard.