Des responsables militaires ont insisté en marge d’un sommet sur la sécurité en Afrique qui se tient cette semaine dans la périphérie d’Abuja, sur la nécessité des soldats nigérians de s’adapter aux tactiques de guérilla du groupe djihadiste de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria.
Le lieutenant-colonel Sean McClure, attaché militaire à l’ambassade américaine à Abuja, a relevé qu’aucun cycle d’adaptation n’avait été observé au sein de l’armée nigériane.
Cette adaptation apparait pourtant évidente alors que la guerre conventionnelle que l’armée nigériane mène ne suffit plus face à des combattants qui se fondent parmi la population locale et disséminent des engins explosifs improvisés dans la région sahélienne du lac Tchad, étendant leur présence sur une zone aussi grande que la Belgique.
Le Nigeria est entré dans sa neuvième année de conflit avec les djihadistes de Boko Haram qui veulent établir un califat dans le nord-est du pays. Les autorités nigérianes assurent que les islamistes ont été vaincus mais ces derniers conservent une capacité de nuisance, multipliant ces derniers mois, les attaques sanglantes contre les civils, mais également contre l’armée.
Parmi les lacunes de l’armée nigériane face aux tactiques de guérilla de Boko Haram figure en bonne place la méfiance qu’elle suscite chez la population, ajoute le responsable américain.
A plusieurs reprises, l’armée nigériane a été accusée par des organisations de défense des droits humains de tortures, d’arrestations et d’exécutions arbitraires, alimentant elle-même les rancœurs dans cette région pauvre, longtemps abandonnée pour son sort, par les pouvoirs publics.
Entretemps, aucune réforme de l’armée n’a été entamée suite à la création par le gouvernement du président Muhammadu Buhari d’une commission spéciale pour enquêter sur les allégations de violations des droits de l’homme par les militaires.