L’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé mardi que la décision du chef de l’Etat égyptien de limoger Shorouk Hesham Genena, le chef de la lutte contre la corruption et sa condamnation subséquente au motif d’avoir diffusé de «fausses informations» constituent un dangereux précédent.
La justice égyptienne a condamné, en juillet, Hesham Genena pour avoir publié un rapport qui révélait que la corruption a coûté 67,6 milliards $ US à l’Égypte. Après avoir échappé à la prison en acquittant une amende, Genena a interjeté un recours en appel.
Tout a commencé en décembre dernier, lorsqu’un journal proche du pouvoir égyptien a attribué une citation à Genena, précisant qu’il s’agissait du coût de la corruption durant la seule année de 2015. Par la suite, l’intéressé s’est défendu en indiquant que ses déclarations ont été mal rapportées, le montant portant, en réalité, sur quatre ans.
Cela n’a pas empêché le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, de le démettre de ses fonctions en mars dernier, après que le comité d’enquête ait jugé qu’Hesham Genena avait induit l’opinion publique en erreur.
Dans un communiqué, HRW a dénoncé le fait que l’Egypte ait haussé son intolérance envers la liberté d’expression à tel point qu’«un simple malentendu se transforme en accusations criminelles passibles d’emprisonnement». «Cette escalade peut avoir un impact refroidissant dangereux, surtout chez les responsables voulant dénoncer la corruption», a ajouté l’ONG de défense des droits de l’Homme.
Lors de son licenciement, Hesham Genena était le seul cadre encore en poste à avoir été désigné par Mohamed Morsi, le président conservateur destitué par l’armée en juillet 2013.