Pékin est déterminé à placer la NBD (Nouvelle Banque de Développement) créée par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et inaugurée le 21 juillet dernier à Shanghai et la BAII (Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures) lancée officiellement fin juin au centre de ses projets d’investissements dans le monde, perturbant au passage la domination occidentale, en particulier américaine, sur la finance mondiale.
La NBD a pour vocation de financer de grands travaux d’infrastructures d’intérêt général dans les pays qui en font la demande et compte déjà 50 projets et initiatives sur sa feuille de route. Elle sera pour les pays émergents une source de financement alternative aux institutions de Bretton Woods. Par ailleurs, la BAII, dont la Chine sera le plus important actionnaire avec 30% des parts, 26% des droits de vote et un droit de veto, et qui compte 57 membres dont une vingtaine de pays occidentaux mais pas les Etats-Unis ni le Japon, doit contribuer à financer des projets d’infrastructures en Asie. Elle doit être opérationnelle d’ici au mois de décembre. Les deux institutions sont dotées d’un capital de 100 milliards de dollars chacune.
Par ces projets, les pays émergents bouleversent la gouvernance économique mondiale dominée par les Occidentaux depuis les accords de Bretton Woods. Les Etats-Unis, qui tiennent à leur mainmise sur la finance mondiale, ont mené un intense lobbying contre les projets du rival chinois, sans succès.
Pékin ne cache pas son intention de se servir de ces nouvelles institutions pour financer ses ambitions commerciales à l’échelle mondiale. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique, de l’Europe, du Japon et le deuxième des Etats-Unis. En dix ans, le pays a multiplié par 30 ses investissements hors de ses frontières. Et le pays ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La « nouvelle route de la soie » par exemple, un projet de 40 milliards de dollars, doit permettre à la Chine de redessiner la carte des échanges commerciaux.