Avec la revendication par Boko Haram de l’enlèvement du prêtre français kidnappé au Cameroun, il devient clair que les ressortissants et les intérêts français sont dans le point de mire du groupe islamiste nigérian, dont les objectifs rejoignent désormais ceux d’Al Qaïda au Mali et dans tout le Sahel.
Ce nouveau rapt place les ressortissants français en première ligne au Sahel. C’est le prix payé par la France pour son engagement dans la lutte antiterroriste dans cette zone, a déclaré le président François Hollande. Le chef d’Etat français a toutefois écarté un désengagement de son pays du Mali, assurant que la traque des groupes terroristes se poursuivra avec la même détermination. L’enlèvement du père Georges Vandenbeusch, 42 ans, s’est produit dans le nord du Cameroun, tout près de la frontière avec le Nigeria où le religieux français était installé depuis 2011. Ce n’est toutefois pas la première opération menée par Boko Haram contre des ressortissants français. Avant le rapt du prêtre français, le groupe islamiste extrémiste avait déjà enlevé pendant deux mois, en février 2013, une famille française également au Cameroun.
Boko Haram a mené l’opération d’enlèvement du prêtre français en coordination avec l’autre groupe jihadiste Ansaru, dont il partage les objectifs d’instauration de la loi islamique dans le Nord du Nigeria à majorité musulmane. Les spécialistes estiment que les deux groupes nigérians qui se sont fait connaître par leurs attaques meurtrières contre les chrétiens minoritaires du Nord Nigeria, sont liés aux autres groupes jihadistes opérant dans le Sahel. Entre autres, Aqmi et le Mujao, les deux principaux groupes jihadistes qui ont été à la pointe de l’occupation du Nord Mali. Outre les accointances idéologiques entre Boko Haram et Al Qaïda au Maghreb Islamique, les deux groupes extrémistes entretiennent également des liens opérationnels. Une évolution rendue possible par le continuum géographique du Nigeria avec le Niger et le Tchad et, surtout, par la porosité des frontières au Sahel. Autant d’éléments qui accroissent la préoccupation de Paris pour la présence des ressortissants français dans toute la région.