Suisse: freiner le réchauffement global

Les étés et les automnes plus chauds entraîneraient un vieillissement foliaire un peu plus précoce dans les forêts tempérées d’Europe, ce qui limiterait les espoirs placés dans ces dernières pour freiner le réchauffement global, selon une étude suisse publiée dans «Science».

Sous l’effet du changement climatique, les feuilles des forêts d’Europe centrale, au climat tempéré, tomberaient un peu plus tôt qu’il y a 70 ans. Jusqu’ici, l’hypothèse opposée prévalait, fait observer les auteurs de l’étude.

Des chercheurs de l’Institut de biologie intégrative de l’ETH de Zurich, ont combiné trois approches. D’abord, ils ont analysé les données d’observation des arbres, collectées dans le cadre d’un vaste projet européen (PEP725). Au total, 434 226 observations ont été rassemblées, entre 1948 et 2015, sur 14 626 arbres de six espèces (marronnier d’Inde, bouleau blanc, hêtre commun, mélèze d’Europe, chêne pédonculé et sorbier des oiseleurs), répartis sur 3855 sites. Grâce à des modèles, les chercheurs ont calculé la quantité de biomasse produite chaque saison par photosynthèse. Ils ont estimé qu’en moyenne, à chaque fois que la photosynthèse produisait 10% de biomasse en plus, les feuilles entraient en sénescence (et tombaient) huit jours plus tôt.

Puis ils ont réalisé des expériences de laboratoire. Ils ont fait pousser de jeunes bouleaux à différentes températures et dans des atmosphères enrichies ou non en CO2. De même pour de jeunes hêtres, cultivés à l’ombre ou au soleil.

Résultats: plus les chercheurs accroissaient la biomasse en augmentant la température ou le taux de CO2 dans l’atmosphère, plus ils avançaient la date de chute des feuilles. Chez les arbustes cultivés constamment à l’ombre, par contraste, la productivité de la photosynthèse s’effondrait. Et la chute des feuilles était retardée de huit à treize jours. Troisième et dernière approche: les auteurs ont intégré ces données dans un modèle de prédiction de la survenue de la sénescence foliaire. Verdict: sa performance était améliorée de 27% à 42%.

Au final, ce travail conduit à inverser les prédictions. «Sous l’effet du réchauffement climatique, la date de la sénescence foliaire serait avancée de trois à six jours d’ici à la fin du siècle, et non pas retardée de deux à trois semaines comme on le croyait», résument les auteurs.