Sénégal : prison à perpétuité pour l’ex-président tchadien Hissène Habré

Politique

habre--1Le tribunal spécial africain de Dakar a condamné hier lundi, l’ancien président tchadien Hissène Habré à la réclusion criminelle à perpétuité.

Au terme de dix mois de procès, l’ancien dictateur a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité, de torture et de viols lors de la répression menée lorsqu’il dirigeait d’une main de fer le pays entre 1982 et 1990.

Cette sentence vient clôturer un très long feuilleton judiciaire. La première inculpation d’Hissène Habré date de l’an 2000, suite au dépôt d’une plainte. Mais à ce moment-là, les poursuites ont été annulées. L’ancien dictateur a ensuite été inculpé en Belgique mais, là encore, tout s’est arrêté, car il n’a pas été extradé. Le débat a été relancé à partir de 2006 au Sénégal et après plusieurs tergiversations et rebondissements, c’est juillet dernier, quinze ans après le dépôt de la plainte sénégalaise, que le procès Habré a pu s’ouvrir.

Au-delà de la sentence rendue, ce procès marquera certainement l’histoire de la justice internationale à plus d’un titre. Tout d’abord, c’est la première fois qu’un chef d’Etat est reconnu personnellement coupable de viols, qu’un ancien chef d’Etat africain est jugé en Afrique, et c’est la première fois au monde que des juridictions d’un pays jugent le chef d’Etat d’un autre pays pour des crimes contre l’humanité.

Mais si ce procès a valeur d’exemple pour les associations de défense des droits de l’Homme, il est néanmoins marqué de plusieurs limites. Tout d’abord, seul Hissène Habré a été jugé et le rôle des autres responsables des crimes commis est passé au second plan. Ensuite, le rôle de l’actuel président du Tchad Idriss Déby Itno, qui commandait l’armée d’Hissène Habré pendant la période du « septembre noir », en 1984, quand les populations du sud du pays ont été réprimées, n’a pas été éclairci. Et enfin, l’aspect du soutien apporté par les Etats-Unis et la France au régime Habré, qu’ils voyaient comme un rempart à la Libye de Mouammar Kadhafi, n’a pas été approfondi.

 

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