Plus elle dure et plus la crise en Egypte sert la cause d’Al-Qaïda selon les spécialistes pour qui le pays représente un énorme potentiel en recrutement pour la nébuleuse terroriste qui pourrait y ouvrir un nouveau front au Moyen-Orient.
Alors que la répression sanglante des Frères musulmans se poursuit en Egypte, les extrémistes multiplient leurs appels à la lutte armée. Au début de ce mois, une vidéo a été mise en ligne sur des forums djihadistes. Le chef d’Al-Qaïda, avançant la répression en cours contre les Frères musulmans, y dénonce l’échec des élections démocratiques et présente la Djihad et la lutte armée comme les seules possibilités d’avènement d’un régime vraiment islamique. Cet argumentaire a de grandes chances de faire mouche devant la désillusion d’une jeune génération d’activistes convaincus. Un nouveau groupe extrémiste baptisé « Ansar al Chariah en Egypte » a été formée le 5 juillet appelant à répondre à la « guerre contre l’Islam » qui a été lancée dans le pays. Les islamistes somaliens shebabs ont également lancé des appels sur Internet aux musulmans d’Egypte et d’ailleurs à prendre les armes. Les groupes terroristes pourraient trouver dans la péninsule du Sinaï mal contrôlée par les autorités égyptiennes le terrain idéal à leur implantation en plus de leur donner une parfaite position pour attaquer Israël.
Pour les spécialistes, les perspectives sont sombres. Il n’y a aucune lueur de négociations à l’horizon entre les autorités de transition et les islamistes. Le pays suit un itinéraire dangereusement similaire à celui qu »avait suivi l’Algérie avant de sombrer dans la violence dans les années 1990 : l’annulation par le pouvoir algérien en 1992 d’élections générales que les islamistes étaient en passe de gagner avait en effet plongé le pays dans une décennie de violences et de massacres.